DE BEAUNOIR (Alexandre-Louis-Bertrand Robineau, dit)
DE BEAUNOIR (Alexandre-Louis-Bertrand Robineau, dit) 1746-1823
Biographie
Destiné au service de l’Église, il devient en effet abbé, mais il s’en détourne rapidement, fasciné par la vie de Paris. Passionné de théâtre, il commence à écrire pour la troupe foraine de Nicolet. Sa première pièce, La Bourbonnaise (1768), est fort applaudie, à tel point que Nicolet l’engage pour remplacer Taconet. Il écrit jusqu’à trois pièces par semaine, sous le nom d’Abbé Robineau, et gagne 18 francs par pièce.
En 1777, il fait représenter L’Amour quêteur, petite pièce passablement scabreuse mais qui connaît un succès immédiat. L’archevêque de Paris fait défroquer Robineau, qui prend aussitôt le pseudonyme de Beaunoir, anagramme de son nom.
Beaunoir sert Nicolet jusqu’en 1780, puis il écrit des pièces plus ambitieuses qui sont représentées au Théâtre des Variétés-Amusantes et au Théâtre-Italien.
Vers 1770, il était devenu bibliothécaire du roi, mais sa réputation d’auteur libertin porte atteinte à la dignité de ses collègues, qui exigent de lui, en 1783, d’écrire sous l’anonymat. Durant quelques années, c’est donc son épouse, Louise-Céline Cheval (1766-1821), qui signe ses pièces sous le nom de Mme de Beaunoir.
En 1788, Beaunoir quitte Paris pour devenir directeur du Théâtre de Bordeaux. Un an plus tard, une gestion désastreuse terminée par une banqueroute retentissante le pousse hors de France : il émigre à Bruxelles où, en pleine révolution brabançonne, il n’hésite pas à s’introduire dans les deux camps, flattant tantôt Vonck, tantôt van der Noot.
Dégoûté de ses déboires théâtraux, il se met à écrire des brochures et des libelles, à rédiger des journaux. Répudié par van der Noot, il écrit son « drame historique » Histoire secrète et anecdotique de l’Insurrection belgique, ou Vander-Noot (1790), pamphlet scandaleux dans lequel il dénonce tous les travers des révolutionnaires. Pour se mettre à l’abri de la colère du tyran qu’il décrit, Beaunoir s’enfuit en Hollande, d’où il rédige une autre satire, Les Masques arrachés, qui se propage rapidement en Belgique et mènera à la chute de van der Noot.
Quittant les Pays-Bas, Beaunoir rejoint à Neuwied une colonie d’hommes de lettres français, parmi lesquels François Mettra qui le fait collaborer à sa Correspondance littéraire secrète.
En 1791, après avoir passé quelques mois à Liège où il rédige L’Ami des hommes ou le Vengeur, Beaunoir se réconcilie avec le théâtre et se remet à écrire des pièces pour le Théâtre de la Monnaie de Bruxelles : il y donne Le Grand dénouement de la constitution (1791), Le Commissionnaire et le jockey (1792), La Nouvelle dibutade (1793), L’Hommage de Bruxelles (1793), Le Bouquet (1793), La Séparation (1794) et Le Médecin et l’apothicaire (1794).
Beaunoir est à Saint-Pétersbourg en 1796, où il dirige les théâtres de la cour, mais est banni à la fin de l’année avec tous les autres Français. Il passe alors plusieurs années à Berlin, attendant le moment propice pour rentrer en France. Il y revient le 1er janvier 1800, mais ne retrouve ni ses amis et protecteurs, ni son public, ni sa place dans la société française du Consulat.
Il fait encore une tentative à Bordeaux, pour diriger le Théâtre en 1802, qui se solde par une nouvelle faillite, puis revient à Paris l’année suivante, où il déniche finalement un poste à la Préfecture de police.
Il meurt en 1823 dans le dénuement complet. Sa femme était morte deux ans auparavant.
Oeuvres
Théâtre
- 1767 : Le Braconnier par amour ; Le Bal de Passy
- 1768 : À fripon fripon et demi et double friponne ; Le Bourbonnais et l’escroc dupe de lui-même ; La Bourbonnaise ; La Bourbonnaise à la guinguette
- 1769 : La Mère Gaudichon ; Acmet et Céphise ou Arlequin trompeur trompé ; L’Après-souper de l’Hôtel de Soissons ; Le Cheval de bois ou les grands fourbes ; La Parade des savetiers ; Les Chiants-lits ou les carêmes prenantes ou le carnaval ; Le Souper des dupés ; Pierrot grand sultan
- 1770 : La Comtoise à Paris ou le vieillard dupé ; Le Trousseau d’Agnès ou la veuve à marier ; Le Déménagement du peintre ; Monnaie ne fait rien en amour ; Le Braconnier ; Le Wauxhall des Porcherons ou la loterie ; La Baguette merveilleuse ou la magicienne confondue
- 1771 : Le Testament d’Arlequin ; La Mère Nitouche ; La Mère Ragot ; Le Ribotteurs de la Rapée ; Les Amours de Colombine ; La Fille à marier ; Les Paillassons ; Les Deux Léandres ; Le Panier ; Manon Grioux ; Le Bourouetteur ou Arlequin bourouetteur ; Le Muet sourd aveugle et manchot ; Les Amants généreux ou Cassandre et Léandre rivaux ou les rivaux généreux ; La Chose impossible ; Les Époux à la mode ; Le Bal du grand vainqueur ; Le Ménage du savetier ou le contentement passe richesse
- 1772 : Les Amours de Dindonnet ; Le Trousseau ; Les Carêmes prenantes ou le carnaval ; L’Habit fait l’homme ; L’Occasion fait le larron ; La Corne ; L’Habit ne fait pas l’homme ou la valise perdue et retrouvée ; Acmet et Céphise ; Madame Propette ; Le Faux duel ; Madame Tintamarre ; Le Savetier auteur ; La Chambre garnie ou la femme hautaine ; L’Honnête revenant ; Arlequin directeur de troupe ; Les Deux pupilles ou la ceinture merveilleuse ; L’Amant voleur ou la bégueule ; Le Bretailleur ; L’Amour est de tout âge ou le pédant amoureux ; Brise Gueule ; Compliment pour l’ouverture du théâtre ; La Cachette
- 1773 : L’Estropié ; La Nuit espagnole ou le frère jaloux et barbare ; Qui paye les violons ne danse pas toujours ; La Nuit parisienne ; La Belle pâtissière ou les bons pâtissent pour les mauvais ; Cassandre dupe de lui-même ; Les Métamorphoses de Scaramouche ou la veuve difficile ; Le Bijoutier ; L’Onguent Mitaine ; Le Bonhomme Cassandre ou le calendrier des vieillards ; Le Faux rendez-vous ou la petite maison ; Scaramouche fille honnête ou le médecin de Montpellier ; Manon Ferlue ou le cabaret de l’écu ; L’Onguent Miton ; Léandre magicien ; La Nuit allemande ; La Nuit anglaise
- 1774 : Les Amours de Dindonnet ou la femme fille ; Ce qui vient de la flûte s’en retourne au tambour ou Madame des Allures (opéra-comique) ; Le Célibataire ou Madame j’ordonne ou Madame commande ; La Fine hôtesse ; Les Fourberies réciproques ; Le Mari brutal ; La Tarentule
- 1775 : La Cachette espagnole ; Madame des Allures ; Guillot et Guillemette ; Les Rendez-vous des Porcherons ; Le Barbier de village ou l’officieux désobligeant ; La Semaine bien employée ou la coquette ; Il n’est plus temps ; Erreur n’est pas compte ou Madame Brouilletout ; Médée et Jason ; La Philosophe
- 1776 : Contentement passe richesse ; La Corne de vérité ou l’honnête homme dupe de sa bonne foi ; La Belle ; Madame Miroton ou blanquette et restaurant ; Les Amours de la couturière et du porteur d’eau ou la couturière ou le stratagème amoureux de la couturière ; Le Miroitier ; L’Onguent Miton Mitaine ou le médecin de village ou l’opérateur de campagne ; La Descente d’Énée aux enfers ; Madelon Friquet et Monsieur Vacarmini ; Le Valet gentilhomme gourmand ou le faux amant ou le fourbe puni ; La Poule au pot ; L’Esprit ou le revenant de la rue des Petits-Champs ou le diable à la cave ; Les Visites du jour de l’an ; L’Ombre de Taconet
- 1777 : Vénus pèlerine ; Arlequin fendeur ; Armise ou les amours de trois jours ; La Tante dupée ; Gribouille ; Les Amours du bonhomme Cassandre ; Le Voyage de Scaramouche et d’Arlequin dans l’île de la mollesse ; Le Vieillard rajeuni ; L’Amour quêteur ; La Fausse soubrette ; La Colique ou la culotte
- 1778 : Actéon ; Trois contre un ou le brave poltron ou l’enlèvement des meuniers et des charbonniers ; Les Petits soupers ou les petits soupers d’été ; L’Hommage au printemps ou la rose et le bouton au temple de l’hymen ; Il n’y a pas pire eau que l’eau qui dort ; L’Heureux jour, suivi de la Fête des lys
- 1779 : Les Narcisses ou l’écot mal payé ; La Grippe d’amour ; Les Amours de Glycère et d’Alexis ou la fille obéissante ; Les Quatre coins ; L’Hymen et le dieu jaune ; Madame commande ; La Cacophonie ; Madame j’ordonne ; Le Loup-garou ou la veillée villageoise
- 1780 : Le Naufrage de l’amour ; Glicère et Alexis ; Colinette ou la vigne d’amour ; Jeannette ou les battus ne paient pas l’amende ; La Ceinture merveilleuse ; Vaut mieux tard que jamais
- 1781 : Le Diable boiteux ; Jérôme Pointu
- 1782 : La Rose et le bouton ou le temple de l’hymen ; Le Quinola gorgé ; Le Mort vivant ; La Courtisane vertueuse avec Louis-François Ribié ; Les Amours de l’étalier boucher ; La Nouvelle Omphale
- 1783 : Le Mariage de Jeannette ; Les Aventures amoureuses ou la boiteuse ; La Bière de mars ou le brasseur et la faïencière ; Thalie, la foire et les Pointus ; Le Café ou le coup d’œil de la foire ; Les Têtes changées ; Le Danger des liaisons
- 1784 : Le Sculpteur ou la femme comme il y en a peu ; L’Amour récompensé ; Le Déménagement du sculpteur ; L’Amant borgne et boiteux ou le boiteux ; L’Écouteur aux portes ; L’Homme et la femme comme il n’y en a point ou le double travestissement ; Le Globe d’amour ou la nouvelle Didon ; La Triste journée ou le lendemain de noces ; Eustache Pointu chez lui ou qui a bu boira ; Fanfan et Colas ou les frères de lait ; L’Heureuse journée ou le page et sa marraine ; Le Ramoneur prince et le prince ramoneur
- 1785 : Le Gendre embarrassant et désespéré ; Rose ou la suite de Fanfan et Colas
- 1786 : Le Singe et la perruche ; Le Mariage d’Antonio ; Les Amis du jour ; Le Manteau ou les deux nièces rivales ; Céline de Saint-Albe
- 1787 : Le Club bourgeois ou le perruquier bel esprit
- 1788 : Henri IV aux Champs-Élysées ; Les Frères amis
- 1789 : Le Mari vengé ou le mystificateur mystifié ; Les Vendanges de la vigne d’amour
- 1791 : Le Grand dénouement de la constitution ; Le Commissionnaire et le jockey
- 1793 : L’Hommage de Bruxelles ; La Danse des sans-culottes républicains
- 1795 : Zing-zing ou la relique ; Le Batelier de Catalogne
- 1797 : Les Libellistes ; La Famille des Pointu
- La Bégueulle ; Le Revenant de la rue des Petits-Champs ; Daphnis et Zirphée ; Le Déjeuner à la fourchette ; Adèle ou le faux bohémien ; Monsieur et Madame Demi ; Histoire secrète et anecdotique de l’insurrection belgique ou Vander-Noot ; La Dinde de Périgord ; Les Voyages de Monsieur Musard ; Le Tapissier