DE JOUY (Victor-Joseph Étienne, dit Étienne)


DE JOUY (Victor-Joseph Étienne, dit Étienne) 1764-1846

de Jouy.jpg

 

Biographie

Élève au collège d’Orléans à Versailles, Étienne de Jouy montra une nature si ardente qu’à l’âge de 16 ans, on l’embarqua pour l’Amérique du Sud pour aller prendre du service sous les ordres du gouverneur de la Guyane. Il revint presque aussitôt en France pour achever ses études et se rengagea deux ans plus tard. Il fut envoyé comme sous-lieutenant d’artillerie aux Indes orientales (1787), où il eut diverses aventures, dont il devait plus tard s’inspirer au théâtre.
Lorsque la Révolution éclata, il retourna en France (1790). On pense qu’il contribua à la rédaction du journal Le Paquebot (1791) avant de partir avec le grade de capitaine pour l’armée du Nord. Il servit avec distinction et fut nommé adjudant-général après la prise de Furnes. Il appela néanmoins le soupçon sur lui en refusant de porter un toast à Marat et fut arrêté et condamné à mort. Il parvint à s’évader, se réfugia en Suisse et rentra en France au 9 Thermidor.
Il reprit le service sous les ordres du général Menou et commanda la place de Lille, mais il fut accusé d’intelligence avec l’envoyé britannique, James Harris, 1er comte de Malmesbury, qui avait été dépêché en France pour négocier un traité de paix. Il fut incarcéré quelque temps et, las de cette suspicion permanente, quitta le service en prétextant ses nombreuses blessures (1797).

Étienne de Jouy est avant tout connu comme librettiste de plusieurs des principaux opéras du début du XIXe siècle : il a donné les livrets de Guillaume Tell de Rossini (1829) et de La Vestale de Spontini (1807). La Vestale eut près de cent représentations et fut considérée comme l’un des meilleurs opéras français. De Jouy produisit d’autres opéras, mais aucun n’eut autant de succès.
Il fut également journaliste, critique et chansonnier et fit partie de la Société du Caveau et du « Déjeuner de la Fourchette ». Il publia avec succès dans la Gazette de France des satires de la vie parisienne, réunies sous le titre L’Ermite de la Chaussée d’Antin ou observations sur les mœurs et les usages français au commencement du XIXe siècle (1812-1814, 5 vol.) L’Ermite de la Chaussée d’Antin fut suivi de plusieurs séries similaires : Guillaume le franc-parleur (1814-1815), L’Ermite de la Guyane (1815-1817), puis L’Ermite en province (1817-1827).
Il fut élu à l’Académie française le 11 janvier 1815 en remplacement d’Évariste Parny mais ne put prononcer son discours de réception en raison des événements. Un article de la Biographie nouvelle des contemporains, dont il était l’un des fondateurs, lui valut encore un mois de prison ; l’Académie lui manifesta sa sympathie lorsqu’il fut libéré, ce qui mécontenta le gouvernement. À l’Académie, il fut du parti des classiques et vota contre Victor Hugo.
En 1821, sa tragédie Sylla triompha, en partie grâce au génie de Talma, qui s’était inspiré de Napoléon Ier pour camper le rôle-titre : elle eut quatre-vingts représentations de suite. Sous la Restauration, de Jouy fut un défenseur constant de la liberté et, si son œuvre fut sans doute surestimée par ses contemporains, ce fut probablement en partie par respect pour l’auteur lui-même. Après la Révolution de 1830, il remplit jusqu’au 9 août les fonctions de maire de Paris puis fut nommé bibliothécaire du Louvre.

Oeuvres

Théâtre

  • 1797 : La Paix et l’amour
  • 1798 : Le Vaudeville au Caire avec Charles de Longchamps
  • 1799 : Comment faire ? ou les épreuves de misanthropie et repentir avec Michel Dieulafoy et Charles de Longchamps ; L’Arbitre ou les consultations de l’an sept avec Charles de Longchamps ; La Prisonnière avec Claude Godard d’Aucourt de Saint-Just
  • 1800 : Dans quel siècle sommes-nous ?avec Michel Dieulafoy et Charles de Longchamps ; Le Carrosse espagnol ou pourquoi faire ? (Comédie-vaudeville) avec Antoine Année et Nicolas Gersin ; Le Faux frère ou à trompeur, trompeur et demi avec Théodore Pein ; Le Tableau des Sabines avec Michel Dieulafoy et Charles de Longchamps
  • 1804 : Milton (opéra) avec Michel Dieulafoy
  • 1805 : L’Intrigue dans les caves avec Michel Dieulafoy
  • 1807 : L’Avide héritier ; La Vestale (opéra) ; Le Mariage de monsieur Beaufils ou les réputations d’emprunt
  • 1808 : Bruis et Palaprat ; Fernand Cortez ou la conquête du Mexique (opéra) avec Joseph Esménard ; L’Homme aux convenances ; La Marchande de modes ; Monsieur Beaufils ou la conversation faite d’avance ; Un Jour à Paris ou la leçon singulière (opéra-comique)
  • 1809 : Le Mariage par imprudence (opéra-comique)
  • 1810 : Les Bayadères (opéra)
  • 1811 : Les Amazones ou la fondation de Thèbes (opéra)
  • 1812 : Les Aubergistes de qualité (opéra-comique)
  • 1813 : Les Abencerages ou l’étendard de Grenade (opéra) ; Tippo-Saëb
  • 1814 : Pélage ou le roi de la paix (opéra)
  • 1818 : Zirphile et fleur de Myrthe ou cent ans en un jour
  • 1820 : L’Amant et le mari (opéra-comique) avec Jean-François Roger
  • 1821 : L’Héritage ou les mœurs du temps
  • 1822 : Sylla
  • 1825 : Bélisaire
  • 1827 : Julien dans les Gaules
  • 1827 : Moïse (opéra) avec Giuseppe Luigi Balocchi
  • 1829 : Guillaume Tell (opéra) avec Hippolyte Bis
  • 1841 : La Conjuration d’Amboise
  • Velléda ou les gauloises (opéra)