DESCAVES (Lucien)
DESCAVES (Lucien) 1861-1949
Biographie
Fils d'un graveur, il rendra hommage à cette profession dans une étude intitulée La Teigne (1885).
En 1887, Descaves signe avec Paul Margueritte, Paul Bonnetain et d'autres un manifeste contre Zola à l'occasion de son roman La Terre : le Manifeste des cinq.
Lucien Descaves s'est lui-même particulièrement rendu célèbre par un roman antimilitariste, intitulé Les Sous-offs, pour lequel il fut traduit en cour d'assises pour injures à l'armée et outrages aux bonnes mœurs. Il fut défendu par maîtres Tézenas et Millerand. C'est durant son service militaire, qu'il termina comme sergent-major, qu'il puise les scènes d'un réalisme cru qui ponctuent la fiction. Acquitté en 1890, il donna d'autres œuvres dans le même ton et contenant des violences jugées excessives par certains (Louis Bethléem) ou d'une brutale sincérité pour d'autres (Larousse).
Il est rédacteur au journal l'Aurore au moment de l'affaire Dreyfus, à qui il apporte son soutien.
En 1902, avec notamment Élisée Reclus, Jehan Rictus, Paraf-Javal, Maurice Donnay, Henri Zisly, Émile Armand, Georges Deherme, il est parmi les fondateurs de la Société pour la création et le développement d'un milieu libre en France qui appuiera la création d'une communauté libertaire, La Clairière de Vaux (Essômes-sur-Marne, Aisne), « premier milieu libre » français non éphémère dissout en 1907.
Il tient à partir de 1916 la rubrique littéraire qui reste le point fort du Journal.
En 1927, il signe en compagnie d'Alain, Louis Guilloux, Henry Poulaille, Jules Romains, Séverine... la pétition (parue le 15 avril dans la revue Europe) contre la loi sur l'organisation générale de la nation pour le temps de guerre qui abroge toute indépendance intellectuelle et toute liberté d'opinion.
Il fait partie des membres fondateurs de l'Académie Goncourt. En 1932, il sera l'un des plus violents pourfendeurs de ses co-académiciens après que le prix, qui semblait promis à Céline pour le Voyage au bout de la nuit, eut finalement échu aux Loups de Guy Mazeline. Il votera par correspondance jusqu'à son retour à la table Drouant le 22 novembre 1939 (in Jacques Robichon Le défi des Goncourt).
René Benjamin, qui lui vouait une haine tout à fait réciproque, a écrit sur lui : « Je ne connais rien de plus étroit que le bureau de Lucien Descaves si ce n'est son esprit ». Paul Léautaud note en effet dans son Journal, à propos de Lucien Descaves : « Il est venu passer deux jours à Paris avec sa femme et repart demain. Que faire à Paris ? Il n'y a plus de journaux. Et collaborer à des journaux tenus par les Allemands ? Ah ! non. Jamais de la vie » (18 septembre 1940). Descaves fit aussi preuve d'une certaine étroitesse d'esprit par rapport à la publication du livre de René Benjamin sur Le Maréchal et son peuple, en 1941.
Il fut président de cette académie de 1945 à 1949.
Il décède le 6 septembre 1949 à Paris.
Lucien Descaves était l'oncle de la pianiste Lucette Descaves (1906-1993) et le père de l'écrivain et homme de radio Pierre Descaves.
Œuvres
Théâtre
- 1888 : La Pelote (pièce naturaliste) avec Paul Bonnetain
- 1890 : L’Envers du galon ; Les Chapons (pièce naturaliste)
- 1898 : La Cage (pièce naturaliste)
- 1900 : La Clairière avec Maurice Donnay
- 1902 : Tiers
- 1903 : Les Souliers avec René Vergught
- 1904 : Oiseaux de passage avec Maurice Donnay
- 1906 : L’Attentat avec Alfred Capus ; La Préférée
- 1911 : Atelier d’aveugles
- 1913 : La Saignée avec Nozière
- 1920 : L’As de cœur
- 1921 : Les Vestales
- 1922 : Pierre Dupont
- 1926 : Le Cœur ébloui
- 1928 : Les Fruits de l’amour
- 1929 : L’Ascension de Virginie avec Maurice Donnay
- 1931 : La Tuile d’argent
Romans
- 1883 : Une vieille rate
- 1886 : La Teigne
- 1887 : La Caserne, misères du sabre
- 1889 : Sous-Offs
- 1890 : Sous-Offs en Cour d’Assises
- 1894 : Les Emmurés
- 1901 : La Colonne
- 1913 : Philémon, vieux de la vieille
- 1914 : Barabbas. Paroles dans la Vallée
- 1916 : La Maison anxieuse
- 1920 : Ronge-Maille vainqueur,
- 1924 : L’Hirondelle sous le toit
Nouvelles
- 1882 : Le Calvaire d’Héloïse Pajadou
- 1896 : En villégiature
- 1898 : Soupes
- 1923 : Du petit Monde
- 1930 : Regarde autour de toi
Autres
- 1881 : Choses des Rues et Choses d’Amour (poésies)
- 1910 : La vie douloureuse de Marceline Desbordes-Valmore (biographie)
- 1918 : L’Imagier d’Epinal (biographie)
- 1941 : Les dernières années de J.-K. Huÿsmans (biographie)
- 1946 : Souvenirs d’un ours (autobiographie)