DE BOISSY (Louis)
DE BOISSY (Louis) 1694-1754
Biographie
Né de parents pauvres, il est brièvement ecclésiastique. Venu à Paris à l’âge de vingt ans, « sans fortune, et pressé de vivre », il se lance dans le genre satirique, attaquant, « sans ménagement et sans distinction, tout ce que la littérature avait de plus célèbre ». Il s’en détourne bientôt au profit de la comédie et donne, en l’espace de 30 ans, une cinquantaine de pièces, tant au Théâtre-Français qu’au Théâtre-Italien. Il connaît à la fois des échecs et des succès. Parmi les pièces que l’on applaudit, la plupart sont « des vaudevilles faits pour le moment, et destinés à passer avec lui ». Quant à leur auteur, « ayant trop peu vécu dans le monde pour le connaître, et trop peu étudié les hommes pour les avoir bien vus, il a peint les hommes d’une touche plus légère que mâle, et plus facile que vigoureuse. Aussi trouve-t-on dans ses pièces plus de détails que de grands effets, et plus de portraits que de caractères. »
Une comédie, créée au Théâtre-Français en 1740, se détache du lot. On doit, écrit d’Alembert, « citer avec distinction les Dehors trompeurs, pièce de caractère et d’intrigue tout à la fois, pleine de situations comiques, écrite avec élégance et facilité ». La Harpe y trouve « de l’intrigue, de l’intérêt, des caractères, des situations, des peintures de mœurs, et des détails comiques. Le style, quoique beaucoup meilleur que celui de ses autres pièces, est médiocre, mais en total l’ouvrage est estimable : il a justifié l’admission de l’auteur à l’Académie française, et l’a classé parmi les poètes comiques. »
Tous les critiques ont remarqué chez de Boissy sa grande facilité pour les vers, qui lui permet à l’occasion de soulager sa misère en louant ses services de versificateur à d’autres dramaturges auxquels manque le don poétique. Longtemps écarté de l’Académie française en raison du souvenir cuisant laissé par ses premières satires, il y entre à l’âge de 60 ans, succédant à Destouches en 1754. Il entre à la même époque à la Gazette, où il ne reste que peu de temps, puis au Mercure de France, qu’il dirige de 1755 jusqu’à l’année de sa mort, survenue au moment où il commence enfin à sortir de l’indigence qui l’a poursuivi toute sa vie.
Louis de Boissy, qui avait épousé sa blanchisseuse, eut un fils, Louis Michel de Boissy, qui entra comme lui en littérature, mais dans un genre que tout opposait au sien.
Oeuvres
Théâtre
- 1721 : L’Amant de sa femme ou la Rivale d’elle-même
- 1724 : L’Impatient
- 1725 : Le Babillard
- 1727 : Admète et Alceste ; Le Français à Londres ; La Mort d’Alceste
- 1728 : Don Ramire et Zaïde
- 1729 : L’Impertinent malgré lui ou les amants mal assortis ; Melpomène vengée ou les trois spectacles réduits à un et les Amours des déesses à rien
- 1730 : Le Triomphe de l’Intérêt
- 1731 : La France galante ou la Guinguette anglaise ; Le Je ne sais quoi ou Momus exilé
- 1732 : La Critique ; L’Auteur superstitieux ou le Superstiteux ; Le Triomphe de l’ignorance ; La Vie est un songe
- 1733 : Les Étrennes ou la Bagatelle ; Zéphire et la lune ou la nuit d’été ; Le Badinage ou le dernier jour de l’absence
- 1734 : La Surprise de la Haine ; L’Apologie du siècle ou Momus corrigé ; Les Billets doux
- 1735 : Le Droit du seigneur ou le mari retrouvé et la femme fidèle ; Margéon et Katifé ou le muet par amour ; Les Amours anonymes
- 1736 : Le Comte de Neuilly
- 1737 : Les Deux Nièces ou la Confidente d’elle-même ; La ****, comédie anonyme
- 1738 : Le Pouvoir de la sympathie
- 1739 : Le Rival favorable ; Les Talents à la mode
- 1740 : Les Dehors trompeurs ou l’Homme du jour
- 1741 : L’Homme indépendant ; L’Embarras du choix
- 1742 : Le Mari garçon ; La Fête d’Auteuil ou la fausse méprise
- 1743 : Paméla en France ou la vertu mieux éprouvée
- 1744 : L’Époux par supercherie
- 1745 : Le Médecin par occasion ; La Folie du jour ; Le Sage étourdi
- 1746 : Le Plagiaire ; Le Duc de Surrey
- 1748 : Les Valets maîtres ; La Péruvienne
- 1749 : Le Retour de la paix ; La Comète
- 1751 : Le Prix du silence
- 1753 : La Frivolité ; Programme d’Eugénie ou des effets de l’amour
- 1793 : Le Maire de village (opéra)
- Les Contes ; La Coquette amoureuse ; L’Épouse par surprise ; Les Dangers de l’inconséquence
Autres
- 1718 : L’Élève de Terpsichore ou le Nourrisson de la satire
- 1751 : Les Filles femmes et les femmes filles ou le Monde changé, conte qui n’en est pas un. Les Quinze minutes ou le Temps bien employé, conte d’un quart d’heure