PRÉVEL (Jules)


PRÉVEL (Jules) 1835-1889

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Biographie

Monté, à l’âge de vingt ans, à Paris où il rêvait de devenir écrivain, porteur d’une chaude recommandation d’Octave Feuillet pour l’actrice et salonnière Augustine Brohan, Prével voulait faire du journalisme. Très accueillante, Augustine Brohan, ayant appris alors qu’il était professeur, lui offrit, en attendant mieux, de devenir le précepteur de son fils. Il accepta et, tout en apprenant éduquant le jeune Brohan, il confectionnait des vaudevilles, pour lesquels il rêvait les plus hautes destinées.
Chez Brohan, Prével fit la connaissance de toutes les illustrations de son temps, si bien qu’il entra, vers 1864, comme rédacteur en chef au Figaro-Programme, que venait de quitter Jules Noriac, où il créa la rubrique de critique théâtral, qui fut, par la suite, adoptée par la plupart des journaux. Journal essentiellement théâtral, le Figaro-Programme avait pour chroniqueur Victor Koning et pour critique musical Arthur Pougin. Prével faisait les échos des coulisses pour cette feuille vivante et spirituelle, très redoutée du monde des théâtres, qu’elle fustigeait parfois avec vivacité. Sa première gloire date de cette époque où il s’est fait un petit nom au Figaro-Programme.
Il a enfin fini par réaliser son rêve d’être dramaturge et journaliste en donnant, en collaboration avec Henri Crisafulli et Koning, une amusante comédie en un acte, le Fou d’en face, représenté avec succès au théâtre du Vaudeville. Il avait vu une de ses pièces représentée sur un grand théâtre, et il dirigeait en chef un journal qui commençait à devenir important. Ses succès d’auteur ont, depuis, été nombreux. Il a écrit, seul ou en collaboration, les livrets des Mousquetaires au couvent, de Fanfan la Tulipe, des Petits mousquetaires, de l’Amour mouillé, etc4. Il avait fait représenter, au Gymnase, un acte : Un mari qui pleure, qui a passé, depuis au répertoire de la Comédie-Française4. Il a vu, en outre, son nom sur l’affiche des Variétés, avec le Grand Casimir ; sur celle des Bouffes, avec les Petits Mousquetaires, les Mousquetaires au couvent, l’Amour mouillé ; sur celle du Palais-Royal avec la Perche ; sur celle des Folies-Dramatiques, avec Fanfan la Tulipe, et sur celle de divers autres théâtres avec des pièces plus ou moins applaudies.
Lorsque le Figaro d’Hippolyte de Villemessant, qui était alors hebdomadaire, est devenu quotidien, Villemessant crut prudent d’acquérir le Figaro-Programme. Il fit faire des ouvertures à Prével, qui consentit à abandonner son journal, à la condition qu’il entrerait au Figaro quotidien comme courriériste théâtral, et qu’il conserverait ce poste tant que ce journal existerait, ce qu’il a fait pendant près de vingt-cinq ans, en traitant sa fonction comme un sacerdoce : chaque jour, à cinq heures, il arrivait à son journal et, jusqu’à sept heures, il s’enfermait en tête-à-tête avec son papier qu’il remplissait d’une écriture menue. Pendant ces deux heures, il était inabordable, pour ainsi dire invisible. Un jour, un ami arrive, à six heures, au Figaro : « M. Prével ? demande-t-il au garçon. Oh ! monsieur, répond celui-ci, M. Prével ne reçoit pas, il compose. »
Actionnaire du Figaro, il gagnait des appointements de ministre. Au théâtre, les soirs de première représentation, on le voyait, grave et sévère, souriant à peine et adressant à ses jeunes collègues, disséminés dans la salle, un petit salut sous lequel perçait une pointe de protectorat. La rubrique du « courrier des théâtres », qu’il avait créé, a pris une importance capitale dans les journaux parisiens. Il n’est pas un journal, grand ou petit, qui n’ait eu, depuis, son courrier des théâtres rédigé par des écrivains pour la plupart connus.
Taciturne, il ne devenait prolixe que lorsqu’on mettait le sujet de la conversation sur le vendredi et sur la mort, deux choses qu’il redoutait par-dessus tout, poussant jusqu’aux limites de l’invraisemblance la superstition et la peur de mourir et, ironie du sort, il est mort presque subitement, un vendredi 13. Il est tombé, âgé seulement de 54 ans, après être allé passer un mois en villégiature à Luchon, foudroyé, en mettant la clef à la serrure de son appartement, par la rupture d’un anévrisme. Rentré à Paris depuis la veille, il s’était fait conduire en voiture à son domicile, 5, rue Hippolyte-Lebas. On n’eut que le temps de le porter sur son lit, où il expira dans la nuit.

Oeuvres

Théâtre