ARAGO (Étienne)


ARAGO (Étienne) 1802-1892

Arago.jpg

 

Biographie

À la différence de ses cinq frères, nés à Estagel, Étienne est né à Perpignan. Il eut une enfance heureuse, petit dernier entouré de l’affection des siens. Il commença ses études au collège de Perpignan, dirigé par un ecclésiastique, puis, à treize ans, il entra à l’abbaye-école de Sorèze, tenue par des Bénédictins. Grâce à l’appui de son frère aîné, François Arago, Étienne entre comme préparateur de chimie à l’École polytechnique, connue par son républicanisme et par l’activisme de ses étudiants. Il y rencontre notamment Auguste Comte et Eugène Cavaignac, auprès de qui il forme ses goûts et convictions politiques républicaines, qu’il conservera toute sa vie. Il s’initie à la Charbonnerie, et en devient un militant si actif qu’il doit quitter Polytechnique. C’est la première fois qu’on lui fait payer son engagement politique, et ce ne sera pas la dernière. Il participe à l’évasion de Joseph Mérilhou, enfermé à la prison de Perpignan, et assiste à l’exécution des quatre sergents de La Rochelle le 21 septembre 1822, avant de rejoindre l’Espagne, pour y soutenir les opposants à l’expédition du duc d’Angoulême.
À côté de la politique, Étienne Arago avait une seconde passion : celle d’écrire. À Paris, il avait rencontré plusieurs écrivains, dont Honoré de Balzac. L’un et l’autre se posaient la même question : pour se faire un nom, ou, plus généreusement, pour être utile à la société, quel chemin choisir, la littérature ou la politique ? En 1822, ils décidèrent d’écrire en collaboration, mais leur ouvrage commun, L’Héritière de Birague, dans la veine gothique du moment, connut si peu de succès qu’ils ne renouvelèrent pas l’expérience. Après quelques années de tâtonnements, Balzac trouva une réponse à cette interrogation : il choisit définitivement la littérature. Étienne Arago, lui, oscillera toute sa vie dans cette alternative. Il se tourna un moment vers le journalisme, qui aurait pu constituer une synthèse de ses deux passions. Avec un ami, Maurice Alhoy, il fonda le journal Le Figaro. Mais l’affaire marchait mal, et ils la cédèrent quelques semaines plus tard à un autre ami, Auguste Lepoitevin, dit Lepoitevin Saint-Alme ou Lepoitevin de Lègreville, qui fit de cette feuille hebdomadaire un des premiers journaux de son temps. Arago fit représenter dès 1823 des pièces de théâtre, généralement des vaudevilles, des comédies ou des mélodrames, écrites le plus souvent en collaboration, notamment avec les deux amis cités précédemment ou avec Varin, Desvergers, Emmanuel Théaulon, etc. Ces œuvres, pour la plupart, trouvèrent le succès, et il est curieux de constater que ce républicain militant, actif et intransigeant était aussi un homme d’esprit capable de briller dans ces genres théâtraux légers. Ce dualisme exista longtemps, puisqu’il écrivit régulièrement pour le théâtre jusqu’en 1847 sans jamais renier ses convictions politiques. En 1829, il obtint la direction du théâtre du Vaudeville. Mais cette fonction ne l’enrichit pas, bien au contraire. Le théâtre connut des saisons médiocres jusqu’en juillet 1838 où il fut détruit par un incendie. En 1847, il fit représenter au Théâtre-Français une comédie en vers, Les Aristocraties, écrite seul, où il expose avec esprit ses idées républicaines. Ce sera la dernière ; dorénavant, il jettera toutes ses forces dans les combats politiques.
En février 1848, il se retrouva en armes sur les barricades aux postes les plus exposés. Le 24 février, le jour de l’abdication de Louis-Philippe, il réussit à prendre l’hôtel des Postes et s’installa à la place du directeur. Un gouvernement provisoire fut formé, dans lequel figurait son frère François Arago aux côtés de Lamartine et Ledru-Rollin. Il fut confirmé dans ses fonctions de directeur général des Postes. Il en démissionna en décembre 1848 lors de l’élection de Louis-Napoléon Bonaparte à la présidence de la République. Mais c’est sous sa brève administration que l’usage des timbres-poste fut décidé et mis en place dans le pays. Élu en avril 1848 à l’Assemblée constituante, tout comme son frère François et son neveu Emmanuel, il s’opposa, ensuite, très vivement à la politique du Prince président. En juin 1849, aux côtés de Ledru-Rollin, il fut l’une des têtes de la manifestation montagnarde, et pour ce fait la Haute-Cour de Versailles le condamna à la déportation et à la saisie de ses biens. Il put se réfugier à temps en Belgique, où il fut assigné à résidence à Spa. Ce n’est que dix ans plus tard, à la signature du décret d’amnistie des proscrits républicains de 1859 qu’il rentra enfin en France.
Les évènements de 1870 lui rendirent un rôle. Avec les parlementaires, il s’opposa à la Régence de l’Impératrice Eugénie : le peuple de Paris l’acclama et en fit son maire, sur proposition de Léon Gambetta, le 4 septembre 1870, quelques jours avant le terrible siège de la ville par les troupes allemandes. Il sut mener à bien cette tâche difficile dans cette situation d’exception, mais il ne fut, pour Paris, qu’un maire bien passager. En effet, en novembre des élections municipales furent organisées, mais n’étant pas candidat à sa propre succession, car il estimait qu’un maire non élu, simplement choisi par acclamation, n’a pas une reconnaissance officielle, il démissionna le 15 novembre 1870. Élu des Pyrénées-Orientales, il démissionna aussi, le 8 février 1871, en raison de missions diplomatiques importantes en Italie. À la fin de sa vie, passionné alors par les arts, Étienne fut nommé par Jules Ferry conservateur du musée du Luxembourg. Il le resta jusqu’à sa mort le 6 mars 1892, à l’âge de 90 ans.

Œuvres

Théâtre