Vasta, reine de Bordélie (Alexis PIRON)

Tragédie en trois actes et en vers.

1773.

 

Personnages

 

VASTA, reine de Bordélie

CONILLE, fille de Vasta

VIT-MOLET, prince de la cour

FOUT-SIX-COUPS, prince étranger

VIT-EN-L’AIR, confident de Fout-six-coups

FRAPPART, capitaine des gardes

TETASSE, confidente de Vasta

UN SOLDAT

LE GRAND-PRÊTRE

FOULE DE PEUPLE

 

La scène est à Bordélie.

 

 

ACTE I

 

 

Scène première

 

VASTA, VIT-MOLET, FRAPPART, COUILLE-AU-CUL, GARDES

 

VASTA.

Oui, vous avez foutu ; votre mine effrontée

Avait pour un moment occupé ma pensée ;

Je croyais qu’à votre âge on était vigoureux,

Et que sans déconner on allait jusqu’à deux ;

Mais puisqu’au premier coup, votre pine molasse

Malgré mes coups de cul abandonne la place,

C’en est fait, désormais vous ne me foutrez plus ;

Frappart réparera tant de moments perdus.

VIT-MOLET.

De ce propos mon âme est offensée,

Car si par un hasard vous vous vîtes ratée,

Prenez-vous-en aux Dieux, qui vous firent un con

Plus d’une fois trop large et deux fois trop profond :

Le vent, qui s’engouffrait dans ce vaste édifice,

Me faisait débander au bord de la matrice ;

Je me crus englouti ; mon esprit s’égara ;

La peur saisit mes sens, et mon vit se glaça.

VASTA.

Vous foutez-vous de moi ? quelle mauvaise excuse

Osez-vous me donner ? Est-ce ainsi qu’on m’abuse ?

Lorsque l’on bande bien, rien ne doit arrêter ;

Mais sur un bande-à-l’aise on ne peut pas compter :

D’ailleurs vous êtes bougre, et, si j’en crois ma haine,

À foutre un con, Seigneur, vous avez de la peine ;

Choisissez à l’instant ou du cul ou du con.

Réparez votre honte, et vengez mon affront :

Conille est à ce prix.

 

 

Scène II

 

CONILLE, TETASSE, VIT-MOLET, COUILLE-AU-CUL, GARDES

 

VIT-MOLET.

Ah ! sacredieu, princesse,

Vous osez à ses yeux me taxer de mollesse ;

Tu l’entends, Couille-au-cul, c’est assez m’insulter,

Punissons la perfide, et courons nous venger.

CONILLE.

Arrêtez, Vit-molet, qu’elle injuste colère !

Quoi ! Ce n’est pas assez d’avoir raté ma mère ?

Déployant à ses yeux votre indigne fureur,

Sans respect pour ce lieu, pour moi, pour ma pudeur,

Vous voulez nous quitter. Ah ! Ne passez pas outre.

Eh cruel ! arrêtez.

VIT-MOLET, s’en allant.

Allez vous faire foutre.

 

 

Scène III

 

CONILLE, VASTA, TETASSE, FRAPPART

 

CONILLE.

L’avez-vous entendu ? Ni mes cris, ni mes pleurs

Ne peuvent l’attendrir. Ô comble de malheurs !

Il est perdu pour moi !

VASTA.

Foutez-vous-en, ma fille,

Assez d’autres héros prétendent à Conille.

Le prince Fout-six-coups doit paraître en ces lieux.

Rentrez dans le palais.

À Tetasse.

Vous, suivez la princesse.

Et toi, mon cher Frappart, viens foutre ta maîtresse ;

Passons dans mon boudoir.

 

 

Scène IV

 

VASTA, FRAPPART, UN SOLDAT

 

UN SOLDAT, se jetant au devant de la Reine.

Ah ! Madame, arrêtez ;

De fouteurs, de foutus, ces murs sont entourés ;

L’air retentit des cris de toutes leurs cohortes,

Le prince Fout-six-coups, campé devant nos portes,

Pour paraître en ces lieux avec un digne éclat,

À tous les cons, Madame, a livré le combat,

Les Carmes, les Ribauds, qui forment son armée,

Ont tous le vit bandant, et la cotte troussée ;

Ils ont foutu la garde, et ces audacieux

Disent qu’ils veulent foutre et la terre et les cieux.

VASTA.

J’en accepte l’augure, et je vole à leur tête ;

J’affronterai moi seule une telle tempête :

Et si je tombe, ami, sous de pareils guerriers,

À leur gloire je compte égaler mes lauriers.

 

 

Scène V

 

VASTA, FOUT-SIX-COUPS

 

VASTA.

Approchez, Fout-six-coups ; votre rare courage

Mérite qu’on lui rende un éclatant hommage.

Cet air audacieux, cette noble vigueur,

Tout fait paraître en vous un excellent fouteur :

J’espère l’éprouver, et vous donner Conille ;

Vit-molet, dès ce jour, doit oublier ma fille ;

Votre nom seul, seigneur, doit le faire trembler :

Un bougre tel que lui peut-il vous résister ?

FOUT-SIX-COUPS.

Vasta, daignez m’entendre : avant que l’hyménée

À votre fille, ici, joigne ma destinée,

J’ai cru sur tous les cons, sur vous ; sur mon amour,

Devoir, en vrai fouteur, m’expliquer sans détour.

Le con n’a plus d’appas après le mariage,

Et de changer souvent devrait être l’usage ;

Ne parlons que de foutre ; et que, dans ce palais,

L’on célèbre du con la gloire et les attraits ;

Que le foutre à bouillons ruisselle dans les rues,

Et que le foutre en l’air s’élève jusqu’aux nues.

VASTA.

Oui, Priape lui-même a parlé par ta voix ;

Partout où tu parais tu dois dicter des lois.

J’en veux donner l’exemple au reste de la terre,

En courant à tes coups me livrer la première :

Allez, Tetasse, allez annoncer mes désirs,

Et courons sur mon lit nous livrer aux plaisirs.

 

 

Scène VI

 

VIT-EN-L’AIR, TETASSE

 

VIT-EN-L’AIR, saisit Tétasse par le bras.

Ne crois pas m’échapper, quoique vieille, bougresse ;

Je te fous à l’instant soit en con ou en fesse :

Vit-en-l’air n’est pas fait pour garder le manteau ;

Un tel rôle n’est bon que pour un maquereau.

TETASSE.

Quoi, malgré ma vieillesse, et ma large conasse,

Vous oseriez, Seigneur, me foutre sur la place !

Que le ciel vous le rende, et comble vos souhaits ;

Je ne m’attendais pas à de pareils bienfaits.

 

 

Scène VII

 

VIT-MOLET, COUILLE-AU-CUL, VIT-EN-L’AIR, qui veut jeter Tetasse sur un banc, est arrêté par Couille-au-cul, TETASSE

 

VIT-MOLET.

Arrêtez, insolent.

TETASSE, se relève, et s’en va disant.

Que le diable l’emporte !

 

 

Scène VIII

 

VIT-EN-L’AIR, VIT-MOLET

 

VIT-EN-L’AIR.

Eh ! De quel droit, Seigneur, nous troubler de la sorte ?

Pourquoi nous interrompre en des moments si doux,

Et pourquoi de ses bras m’arracher ?

VIT-MOLET.

Taisez-vous.

D’un rival odieux Je vous crois le complice ;

Foutez le camp tous deux, ou craignez ma Justice ;

Que demain le soleil, éclairant ces climats,

Aux murs de Bordélie ne te retrouve pas.

VIT-EN-L’AIR.

Je ne crains point, Seigneur, cet ordre téméraire ;

Du prince Fout-six-coups confident ordinaire,

Nul danger ne m’étonne, et je brave vos coups.

VIT-MOLET.

Songez à m’obéir, je le veux.

VIT-EN-L’AIR, s’en allant.

Je m’en fous.

 

 

ACTE II

 

 

Scène première

 

CONILLE, seule

 

Quoi ! Je me vois réduite à pleurer mon amant ;

Vit-molet va périr ! Et ce fatal instant

De Fout-six-coups, peut-être, annonce la victoire ;

Pourrai-je, Vit-molet, survivre à ta mémoire ?

Conille pourra-t-elle oublier des plaisirs

Que toi seul faisais naître en comblant mes désirs ;

Que de fois je t’ai vu, prévenant ma tendresse,

Me plonger tout-à-coup dans la plus douce ivresse !

Ton doigt vif et léger, excitant mon bonheur,

Remplaçait bien souvent ton manque de vigueur :

À mon illusion je succombais sans peine ;

Non, rien ne pourra rompre une si douce chaîne ;

Du cœur qui te chérit rien ne peut t’arracher :

Si tu ne sais pas foutre, au moins tu sais branler.

On vient : de mes transports cachons la violence.

 

 

Scène II

 

CONILLE, VASTA

 

VASTA, sortant de son boudoir, en désordre.

Ah ! Je décharge encore, et mon impatience

A peine à se calmer dans des moments si doux.

Que l’on t’a bien nommé ! Viens, mon cher Fout-six-coups,

Viens apaiser mes sens, satisfais ma tendresse.

Je tombe dans tes bras. Que vois-je ? La princesse;

À Conille.

Que cherchez-vous, ma fille, et pourquoi vous troubler ?

Que m’annoncent ces pleurs, et qui peut les causer ?

CONILLE, tremblante.

Ah ! Maman, savez-vous... non, je n’ose le dire,

Fout-six-coups, Vit-molet... Quel aveugle délire ?

Tous deux en ce moment... un récit aussi long

Retarde le secours...

VASTA.

Et, foutre, parlez donc.

CONILLE.

Maman, ils sont aux mains, n’en ayons aucun doute,

Vit-mulet va périr.

VASTA.

Et que l’aze le foute.

Dieu garde Fout-six-coups, tout le reste n’est rien,

Périsse ton fouteur, si l’on sauve le mien.

Et vous, Frappart, volez, conservez ce que j’aime ;

Songez que s’il périt, je m’en prends à vous-même ;

S’il faut que Fout-six-coups soit jamais abattu,

Les couilles je vous coupe au rasibus du cul.

Et toi, qui pour un lâche a montré de la crainte,

Calme ces vains transports, et cesse toute plainte :

Pourrais-tu regretter un foutu Vit-molet,

Sans force, sans vigueur, et bandant sans effet ?

De ses flasques couillons que pourrais-tu prétendre ?

S’il se lasse à bander, tu te lasses d’attendre.

Le Grand-Prêtre paraît, il faut le consulter ;

Puisse la voix du ciel à mes vœux s’accorder.

 

 

Scène III

 

VASTA, CONILLE, LE GRAND-PRÊTRE

 

VASTA.

Ministre des autels élevés à Priape,

Ô toi que je révère, et dont l’aspect me flatte !

Vois la fille et la mère, embrassant tes genoux ;

T’implorer pour les jours de mon cher Fout-six coups ;

Rends-moi mon prince, hélas !

LE GRAND-PRÊTRE.

Ne troublez point vos âmes,

Foutez, et taisez-vous, c’est le devoir des femmes :

Je jure par les cons de l’univers entier,

Par Priape, sous qui tout doit céder, plier,

Qu’aujourd’hui Fout-six-coups, élevé sur le trône,

Recevra de vos mains le sceptre et la couronne.

Dussé-je être châtré, j’en ai fait le serment,

J’en atteste le ciel, mon vit en est garant ;

Priape néanmoins demande un sacrifice,

Implorons de ce dieu la suprême justice,

Et que sur ses autels, cent bardaches tous nus,

Par cent bougres choisis à l’instant soient foutus :

Voila ce qu’il exige, obéissez, princesse ;

Venez, que votre main, leur découvrant la fesse,

Aide dans ce moment le ministre des dieux ;

Pour vous y préparer, branlez-vous toutes deux.

 

 

Scène IV

 

CONILLE, seule, au désespoir

 

Qui ? Moi ! Pour Fout-six-coups que mon âme déteste ?

J’implorerais un dieu dont le pouvoir funeste

Peut accabler l’amant que mon cœur a choisi !

Ah ! Périsse plutôt ce barbare ennemi,

Qu’il soit à mes regards écrasé par la foudre ;

Puissé-je voir son vit et ses couillons en poudre,

Voir ce lâche fouteur à son dernier soupir,

Me foutre pour sa peine, et mourir de plaisir !

 

 

Scène V

 

CONILLE, COUILLE-AU-CUL

 

CONILLE.

Que vois-je ? Couille-au-cul ! Ah ! Rassurez mon âme,

Qu’est devenu le prince ?

COUILLE-AU-CUL.

Il est foutu, Madame,

Cet amant malheureux, en quittant ce séjour,

Maudissait tristement le pouvoir de l’amour;

Étendu sur son lit, trois garces affligées

Le branlaient lentement autour de lui rangées ;

Et ce superbe vit, qu’on voyait autrefois

Plein d’une ardeur si noble obéir à sa voix,

Mol, flasque maintenant, et la tête baissée,

Semblait se conformer à sa triste pensée :

Un effroyable bruit, et des cris pleins d’horreur,

Portent dans tous les sens le trouble et le terreur,

La porte, qu’à la garde on avait confiée,

Par mille coups de cul dans l’instant enfoncée,

S’ébranle avec fracas, et vomit à nos yeux

Parmi des flots de peuple une bougre furieux ;

Son vit large et carré, dont l’audace est extrême,

Veut foutre l’univers et Priape lui-même :

Rien ne peut retenir ce fouteur indompté ;

Le cul qui l’aperçoit recule épouvanté.

Vit-molet, qui le voit, fait trois pas en arrière ;

C’est Fout-six-coups, dit-il, en tournant le derrière.

Fuyons de mon rival la barbare fureur ;

Abandonnons ce lieu à cet usurpateur.

À peine a-t-il parlé, que Fout-six-coups l’arrête :

Lâche, c’est vainement retarder ma conquête,

Dit-il ; et, d’une main que Priape conduit,

Il l’abat à ses pieds, et, de deux coups de vit,

Sans écouter ses cris, ni son triste murmure,

Il lui fait dans le cul une large blessure.

Pour moi, qui n’ai pu voir ce spectacle éclatant

Sans paraître, Madame, interdit et tremblant,

J’ai couru, j’ai volé, dans ce moment terrible :

Puissent, les dieux, punir cet attentat horrible !

CONILLE.

Que d’horreurs ! Je succombe, et, mon cœur abattu,

De rage et de douleur, déchiré, combattu,

Regrette cet amant, qui m’avait su séduire.

Il a pu se laisser enculer sans rien dire !

Oublions à jamais un si lâche mortel,

Et, de ce pas, courons.

COUILLE-AU-CUL.

Où ? princesse.

CONILLE.

Au bordel.

 

 

ACTE III

 

 

Scène première

 

VASTA, TETASSE, LE GRAND-PRÊTRE, GARDES, PEUPLE

 

VASTA.

Rendons grâces, amis, au dieu qui nous protège,

Vit-molet est foutu, ce lâche sacrilège,

Du culte de Priape indigne observateur,

Dans Fout-six-coups enfin reconnaît un vainqueur :

En tombant sous ses coups il lui cède ma fille ;

Il renonce à jamais à la main de Conille ;

Célébrons du vainqueur le glorieux retour,

Et qu’au plaisir de foutre on consacre ce jour.

De mon ordre suprême instruisez la princesse,

Je veux qu’à Fout-six-coups, montrant de la tendresse,

Son cœur de Vit-molet perde tout souvenir,

Et prépare son con pour un nouveau plaisir :

Obéissez, Tetasse ; et nous, volons au temple :

Quand il s’agit de foutre, il faut donner l’exemple.

 

 

Scène II

 

VASTA, FRAPPART, VIT-EN-L’AIR, GARDES

 

VIT-EN-L’AIR.

Madame, à vos genoux, le prince que je sers

Amenait Vit-molet accablé de ses fers.

L’air, qui retentissait du bruit de sa victoire,

Ne lui faisait plus voir d’ennemis de sa gloire :

Quand ce traître, animé par de nouveaux transports,

A saisi Fout-six-coups par le milieu du corps,

Et, lui prenant alors les couilles par derrière,

Aux yeux de tout le monde il l’a foutu par terre :

Fout-six-coups se relève, et, d’un air furieux,

Tu m’as trahis, dit-il, mais j’atteste les dieux

Que, pour venger l’affront que tu fais à mes couilles,

Des tiennes à l’instant ce glaive te dépouille.

A peine a-t-il parlé, que Vit-molet, vaincu,

Se voit châtré, Madame, et tombe sur le cul.

Je meurs ! Est le seul mot que prononce sa bouche.

Malgré sa trahison, son supplice me touche ;

Tout le monde en frémit, et, jusqu’à son vainqueur,

Qui, détournant les yeux de ce sujet d’horreur,

De cet événement m’envoie vous instruire ;

Prêt d’obéir aux lois que vous voulez prescrire.

 

 

Scène III

 

VASTA, TETASSE

 

VASTA.

Eh bien ! Conille enfin, se rendant à mes lois,

De Fout-six-coups vient-elle admirer les exploits ?

Parle, l’as-tu trouvée ?

TETASSE.

Ah ! Pardonnez, Madame,

À la juste douleur qui pénètre mon âme.

La princesse n’est plus, elle est morte en foutant ;

Maudissant jusqu’aux dieux, dans son dernier moment,

Sous un vit de mulet, enfin anéantie,

En déchargeant, Princesse, elle a perdu la vie.

VASTA.

J’apprends en m’en foutant ce prétendu malheur ;

Vous ne me verrez pas marquer de la douleur

Du lâche Vit-molet devenant la maîtresse,

Elle dut renoncer dès lors à ma tendresse.

Ma fille, un jour, aurait déshonoré mon nom :

Je préfère sa mort à ce honteux affront.

L’aze foute plutôt tout mon royaume ensemble.

Que de faire jamais quelqu’un qui lui ressemble.

C’est assez s’occuper d’un aussi vil objet,

Ainsi le veut Priape, et Vasta s’y soumet ;

Que Fout-six-coups plutôt occupe nos pensées :

Il approche, éloignons ces funestes idées.

 

 

Scène IV

 

FOUT-SIX-COUPS, VASTA

 

FOUT-SIX-COUPS, partant au bout d’une fourche les couilles de Vit-molet.

Du traître Vit-molet que les couilles fumantes

Ornent de ce palais les voûtes éclatantes,

Et servent à jamais de preuve à l’univers,

Qu’il s’est vu de ma main foutre l’âme à l’envers.

À Vasta.

Madame, vous savez que mon rival lui-même

A forcé ma douceur, et que sa haine extrême

A voulu de sa main m’arracher les couillons :

Mon bras sut l’en punir, et ses deux testicules

Vont orner désormais l’un de vos vestibules.

J’attends de votre part ma grâce ou mon arrêt.

VASTA.

Ah ! N’attendez de moi, Seigneur, aucun regret,

Quoique Priape même ait frappé ma famille ;

Car vous n’ignorez pas que je n’ai plus de fille ;

Elle s’est immolée à son ressentiment,

Et la mort l’a rejoint à son infâme amant.

Je m’en fous, je l’ai dit, et je vous le répète,

Mais il paraît qu’ici Fout-six-coups la regrette.

FOUT-SIX-COUPS.

Moi !

VASTA.

Vous.

FOUT-SIX-COUPS.

Non, non, jamais.

VASTA.

Eh bien ! Prouvez-le-moi.

FOUT-SIX-COUPS.

Que faut-il faire ?

VASTA.

Foutre, et recevoir ma foi.

Si vous ne bandez pas, Seigneur, la diligence

Peut encore à vos sens donner de l’existence :

J’ai fait dans mon palais assembler les putains ;

Attendons tout ici du secours de leurs mains.

FOUT-SIX-COUPS.

Qui, moi ! Madame, avoir recours à l’artifice !

Non, je mériterais le plus honteux supplice,

Si mon vit un moment pouvait se relâcher

Au point de ne pouvoir vous faire décharger.

Je vais faire bidet, et près de vous, Princesse,

Je revole à l’instant vous patiner la fesse,

Vous foutre, vous branler jusqu’à demain matin ;

À force de bander, mériter votre main ;

Et, si ce n’est assez, ma vigueur éclatante,

Sans art et sans secours devenant plus brillante,

Entreprendra de foutre, aux yeux de l’univers,

Le prêtre, la prêtresse, et le dieu que je sers.

VASTA.

Tombez à ses genoux, rendez-lui votre hommage.

Un dieu lui-même, un dieu ferait-il davantage ?

Mottes, cons, culs, tenons, apprêtez-vous pour lui,

Fout-six-coups désormais est votre seul appui.

 

 

ARGUMENT DU BALLET

 

Les prêtresses commencent le ballet, seules, et font l’exercice du godemiché ; elles sont interrompues par les guerriers, qui forment avec elles les trente-deux postures de l’Arétin, et le pas de deux de la viole d’amour.

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