L’Otage (Paul CLAUDEL)

Drame en trois actes.

Écrit en 1911 et représentée pour la première fois, à Londres, sur le Théâtre Scala, en 1913 et à Paris, sur le Théâtre de l’Œuvre, le 6 juin 1914.

           

Personnages

 

LE PAPE PIE

LE CURÉ BADILON

LE ROI DE FRANCE

LE VICOMTE ULYSSE AGÉNOR GEORGES DE COÛFONTAINE

DORMANT

LE BARON puis COMTE TOUSSAINT TURELURE, Préfet de la Marne puis de la Seine

SYGNE DE COÛFONTAINE

COMPARSES

 

Résumé

 

L’intrigue est située à la fin de l’Empire français, dans le domaine que Sygne de Coûfontaine, une aristocrate dont les parents ont été guillotinés pendant la Terreur, a patiemment reconstitué. Une nuit, tandis qu’elle veille à ses comptes, survient son cousin Georges, lieutenant du Roi exilé en Angleterre. Il a audacieusement enlevé le Pape au cours de son transfert dans une prison de Napoléon, et le détient en otage à Coûfontaine. Georges, dont la femme et les enfants sont morts, offre à Sygne de l’épouser. Il a un entretien avec le pape, auquel il propose de l’emmener en Angleterre pour le soustraire à Napoléon, mais qui refuse de se laisser exiler hors de son siège apostolique.

Au second acte arrive à Coûfontaine Turelure, un ancien serviteur de la famille, novice défroqué, sans-culotte pendant la Révolution, responsable de la mort des parents de Sygne, devenu préfet de l’Empire, chargé de la police dans le département. Il a eu vent de l’enlèvement du pape et sait qu’il est caché dans la demeure. Il est amoureux de Sygne et lui propose, au prix d’un affreux chantage, de l’épouser en échange de la liberté du Pape. Le curé Badilon, conscient de l’horreur du sacrifice qu’il suggère à sa pénitente, incite néanmoins Sygne à se résoudre à ce marché pour sauver le pape. Au terme d’un douloureux débat, Sygne, après avoir violemment refusé d’épouser cet homme qu’elle hait et qui est le bourreau de ses parents, se résigne à ce sacrifice atroce.

Le dernier acte est situé au printemps de l’année 1814, alors que l’Empereur Napoléon est aux abois et que les armées ennemies assiègent Paris. Turelure, devenu préfet de Paris, accepte de capituler et de restituer la France au Roi légitime, en exigeant de Sygne qu’elle renonce à ses droits en faveur du fils qu’elle a conçu. Georges, lieutenant du Roi, est chargé de la négociation. Résigné à accepter la fin de la monarchie de droit divin, il est résolu cependant à assassiner Turelure pour délivrer Sygne d’un mariage abhorré. Mais il est tué lors de l’échange des coups de feu, ainsi que Sygne qui s’est jetée au-devant de son époux, moins pour le protéger que pour en finir avec la vie. Le Roi fait solennellement son entrée et Turelure, en récompense de ses services, est nommé comte.