La Mère (Henry BECQUE)
Scénario en 5 actes.
ACTE I
Le théâtre représente une sorte de mansarde.
Scène première
Au lever du rideau, Charpentier est seul. Quelques mots pour annoncer l’arrivée de son cousin auquel il a donné rendez-vous. Entrée d’Ernest. Charpentier lui avoue et lui explique la nécessité où il se trouve de faire payer par son père une vingtaine de mille francs de dettes. Réplique du cousin qui n’admet pas cette nécessité et dans cette réplique, exposition de la famille Charpentier. Charpentier répond mon passif éteint, une vie nouvelle. Quitteras-tu ta maîtresse ? Amour de Charpentier pour cette femme ; mépris d’Ernest pour toutes les femmes et celle-là en particulier. Ernest consent et en parlera d’abord à Mme Charpentier. Charpentier lui explique qu’en frappant sur le plancher, sa mère viendra.
Scène II
Monologue d’Ernest débité cyniquement le bâton à la main.
Scène III
Ernest et Mme Charpentier. Ernest, après des précautions oratoires, annonce à Mme Charpentier la commission dont il est chargé. Celle-ci, après le premier coup porté, dissimule sa douleur et ses craintes. Son fils est jeune, il est resté très sage très longtemps ; il a rencontré une mauvaise femme qui l’a entraîné dans des dépenses qu’il ne pouvait pas faire ; mieux vaut liquider le passé et qu’il rentre dans le bon chemin ; elle obtiendra la somme de son mari. Arrivée de Mlle Charpentier. Le père est en colère, il grogne, il gronde, il est insupportable. Mme Charpentier renvoie Ernest. Que son fils revienne, qu’il demande pardon à son père et tout sera payé et oublié.
Scène IV
Cette scène est le contraire de la précédente. Mme Charpentier se désole avec sa fille ; elle montre ses inquiétudes, les dangers que court son fils, bien qu’il soit un honnête homme. Elle redoute la colère et un refus de son mari.
Scène V
M. et Mme Charpentier. Il entre grognon et brutal comme toujours. Elle lui lâche le pot aux roses, d’un coup, en quelques mots. Colère du père.
Scène VI
Rentrée d’Ernest. On attend la décision du père. Il dit à son fils que sa mère lui remettra l’argent. Il les dépouille pour satisfaire d’ignobles folies. Il commence ainsi, il finira aux galères.
ACTE II
Un bureau d’agent de change.
Beaucoup de mouvement et d’animation. Commis légers, gamins et sans scrupules. Ils jouent à la Bourse et entretiennent des femmes. Charpentier pour eux est resté un niais, un piocheur, un commis d’autrefois qui couche avec sa blanchisseuse. Ils ne savent rien. Arrivée de Mme Charpentier. Elle ne se nomme pas. Elle veut voir le patron. On se moque d’elle. Arrivée de l’agent de change. Scène entre lui et Mme Charpentier. Mme Charpentier explique que la vie de Paris ne convient pas à son fils ; elle le prie de le congédier lui-même. Celui-ci refuse. Mme Charpentier insiste. Son fils se conduit mal et dangereusement. Il a une maîtresse qui l’entraîne ; son père a payé une fois ses dettes et ne pourrait pas recommencer. Nouveau refus de l’agent de change. Le fils est un employé modèle ; on exagère ; qu’est-ce que c’est que des petites folies de jeune homme. De là à prendre la caisse il y a loin. Tout d’un coup il s’arrête. Il se souvient d’un paquet de valeurs égaré et qu’on ne retrouve pas. Il la quitte. Mme Charpentier seule ; elle tremble ; on devine son émotion et sa terreur. L’agent rentre avec les titres. Il maintient son refus et congédie Mme Charpentier. On apporte des lampes. Les bureaux se vident. Charpentier entre. Il vient faire sa besogne. Arrivée de la maîtresse. Elle le menace de le quitter. Elle le pousse au vol.
ACTE III
Chez la maîtresse.
Le vol est consommé. Charpentier allant et venant, inquiet, troublé du moindre mot, du moindre bruit. Terreur et remords. Retour des courses. Dîner. On chante et l’on boit. Charpentier, épuisé, déjà malade, s’assoit à l’écart. Les figurations lui apparaissent. Arrivée de la mère. Tout le monde se retire. Elle l’interroge. Un homme est venu et lui a fait peur. Aveu. Il aime mieux le lui faire. Départ immédiat. A-t-il de l’argent, un passeport. Il le lui montre. Il avait tout prévu. Il lui montre aussi un pistolet. Doit-il s’en servir ? Mme Charpentier sort. Scène entre Charpentier et sa maîtresse. Il lui demande de fuir avec lui. Elle refuse. Il la menace de son pistolet. Elle ira le retrouver.
ACTE IV
Un petit salon bourgeois.
Les Charpentier. Cette scène, d’une tristesse morne, est dans la pantomime autant que dans le dialogue. Le père abruti se promène le long des murs. Il n’est plus sorti depuis la condamnation de son fils. Explications. Le fils est en Amérique, il a pris un faux nom ; il travaille. Il est en correspondance avec sa mère par l’intermédiaire d’Ernest ; mais l’extradition a été obtenue contre lui. Ernest entre. Il apporte de mauvaises nouvelles. Le fils est malade. Mme Charpentier n’hésite pas. Elle prend de l’argent, ses bijoux ; elle écrit une lettre d’adieu à son mari qu’elle laisse avec sa fille. Rentrée de Charpentier père ; il trouve la lettre, la lit et tombe mort.
ACTE V
Premier Tableau
En Amérique, à Boston, à la descente du bateau.
Conversation entre un alderman et l’agent de police envoyé pour Charpentier. Il est là, et examine les physionomies. Mme Charpentier descend du bateau. L’agent la remarque, se met à sa disposition ; c’est elle-même qui le conduit à son fils.
Deuxième Tableau
Mort de Charpentier.