La Rosière de Rosny (Eugène SCRIBE)

Vaudeville impromptu en un acte, à l’occasion de la fête de Saint-Henri.

Représenté, pour la première fois, à Paris, au Palais des Tuileries, devant leurs Altesses Royales, par les Acteurs du Gymnase Dramatique, le 15 juillet 1823.

 

Personnages

 

LEFRANC, vieil invalide

LOUISE, sa fille

TOINETTE, sa nièce

GUILLERI, riche bûcheron de la forêt de Rosny

JUSTIN, sergent

 

La Scène se passe à Rosny.

 

 

Scène première

 

TOINETTE, GUILLERI

 

TOINETTE.

Enfin, Monsieur Guilleri, vous m’aviez presque promis de m’épouser ; pourquoi que vous faites maintenant le fier, et que vous n’avez plus l’air de m’apercevoir quand vous me regardez ?...

GUILLERI.

Parce que, Mademoiselle Toinette, vous savez que je vous aime, ce dont j’enrage, attendu que cet amour-là ne s’accorde plus avec mes idées.

TOINETTE.

Et à cause ?

GUILLERI.

À cause que je me suis fait un système... Je suis le plus riche bûcheron de la forêt de Rosny... J’ons recueilli en outre un héritage qui me donne deux bonnes mille livres de rente ; alors, je veux, si je me marie, choisir ce qu’il y a de mieux dans le pays... vu qu’il ne tient qu’à moi, comme on dit, de jeter le mouchoir...

TOINETTE.

Fi ! je ne vous aurions jamais cru aussi intéressé !

GUILLERI.

Du tout, je ne veux point de l’argent, mais des principes. Je prendrai pour femme celle qui sera reconnue pour la plus sage et la plus vertueuse du pays. C’est pour cela que je suis décidé à n’épouser qu’une Rosière ! Ainsi, je ne vous empêche pas de vous mettre sur les rangs.

TOINETTE.

Oh ! je sais bien que nous voilà à la Saint-Henri.

Air : De Paris et du village.

Loin de la cour, loin de Paris,
Je sais qu’une auguste princesse
Vient tous les ans dans ce pays
Donner le prix de la sagesse.
Chacun’ de nous est à bon droit
Fière d’une telle couronne :
C’est l’innocenc’ qui la reçoit,
Et c’est la vertu qui la donne.

Mais vous, Monsieur Guilleri, qu’est-ce que cela vous fait ? et je vous le demande, quelle idée avez-vous de vous mettre ainsi au concours et de vouloir absolument une Rosière ?

GUILLERI.

J’ai mes raisons ! c’est plus sûr et plus tranquillisant en ménage... Mais ce qui me fait trembler, Mademoiselle Toinette, c’est que vous n’avez pas l’air d’avoir de prétentions.

TOINETTE.

Parce qu’il y a toujours de la cabale contre moi. L’année dernière c’est moi qui ai mérité le prix...

Air du vaudeville de l’Homme vert.

On m’a r’connu’ pour la plus sage
Dès le premier tour de scrutin ;
Mais, hélas ! comm’ j’ n’avais pas l’âge,
On m’a remise à l’an prochain.
J’avais le droit d’êtr’ couronnée,
M’ fair’ attendr’ c’était m’en priver ;
Car dans l’espace d’une année
On n’ sait pas c’ qui peut arriver.

Et il est en effet arrivé que cette année-ci Monsieur le Maire est contre moi.

GUILLERI.

Et pourquoi donc ?

TOINETTE.

Pour une action qui ne mérite que des éloges… Vous allez en juger.

Air de l’Artiste.

Fiers d’ leur premièr’ campagne,
Quand nos soldats joyeux
Partaient tous pour l’Espagne,
Voilà qu’ici l’un d’eux
Me dit : Belle insensible,
N’allez pas me r’fuser ;
J’ suis sûr d’être invincible
Si j’obtiens un baiser.

J’ n’en accorde à personne,
Surtout quand c’est pour moi ;
Mais t’nez, lui dis-j’ j’ vous l’ donne
Dans l’intérêt du Roi.
Voilà tout, que je sache,
Mais d’un tel crime, hélas !
Monsieur l’ Maire se fâche...
Le Roi n’s’en fâch’rait pas.

Quoiqu’ donné sans malice,
C’ baiser m’ nuit aujourd’hui,
Mais j’en aurai justice ;
Et si l’ Roi vient ici
Il daignera m’entendre ;
Car il est, dieu merci,
Trop just’ pour ne pas m’ rendre
C’ que j’ai donné pour lui.

GUILLERI.

Je ne doute pas qu’on n’accueille votre pétition ; mais, en attendant, j’ai vu la liste des Rosières, et vous n’êtes pas au nombre des candidates. Le scrutin de ballotage s’est établi entre Annette Durand et Louise Lefranc, votre cousine... Aussi, je me suis présenté d’avance chez leurs parents, qui m’ont donné leur parole.

TOINETTE.

Pour les épouser... Eh bien, vous avez oublié Cécile Martin qui a aussi des droits.

GUILLERI.

Vrai... vous croyez qu’il y a des chances pour elle ?...

Tirant des gants de sa poche.

Allons, je vais          aussi la demander conditionnellement en mariage.

Air : Valse de Philibert marié.

D’après le but qu’ici je me propose,
Un supplément au prix est attaché ;
Celle des trois qui recevra la rose
Aura ma main par-dessus le marché.

À Toinette.

J’aurais voulu vous prendre en mariage ;
Mais votre zèle excite mon effroi.
Que devenir... si dans notre ménage
J’ai pour amis tous les amis du Roi ?

Ensemble.

TOINETTE.

D’après le but que Monsieur se propose
Un supplément au prix est attaché ;
Celle de nous qui recevra la rose
Aura sa main par-dessus le marché.

GUILLERI.

D’après le but qu’ici je me propose
Un supplément au prix est attaché ;
Celle des trois qui recevra la rose
Aura ma main par-dessus le marché.

Guilleri sort.

 

 

Scène II

 

TOINETTE, seul

 

Là ! si ce n’est pas jouer de malheur ! car ce Guilleri est un bon garçon que j’aimais et qui m’aimait aussi avant qu’il eût des idées de grandeur. Mais vouloir n’épouser qu’une Rosière... une vertu... je vous le demande, est-il ambitieux ?... Et puis, c’est un abus qu’on doit réprimer ; car, enfin, si tout le monde faisait comme lui, il n’y aurait qu’un mariage par an... et je présenterai là-dessus une pétition à Son Altesse.

Air : Qu’il est flatteur d’épouser celle.

La Princesse, j’en suis certaine,
Verra qu’ c’est une affair’ d’état ;
Loin de vouloir, dans ce domaine,
Encourager le célibat,
Ell’ doit aimer, en conscience,
À marier fill’s et garçons :
C’est dans c’ villag comm’ dans la France,
Plus nous serons, plus nous l’aim’rons.

Tiens, c’est ma cousine Louise... elle est bien heureuse elle ! elle a des espérances !...

 

 

Scène III

 

TOINETTE, LOUISE

 

TOINETTE.

Bonjour, cousine, est-ce que tu arrives ?...

LOUISE.

Oui, je viens d’Ivri, avec mon père, pour assister à la cérémonie.

TOINETTE.

Et où est-il donc ton père ?

LOUISE.

Je l’ai laissé chez Monsieur le Maire, où il est à causer.

TOINETTE.

Mais qu’as-tu donc ? on dirait que tu as pleuré...

LOUISE.

Ah ! dam’ cousine, c’est que j’ai bien du chagrin !

TOINETTE.

Et pourquoi ?

LOUISE.

Parce que j’ai peur d’être Rosière.

TOINETTE.

Tiens... je ne serais pas si peureuse, et je voudrions bien au contraire...

LOUISE.

Et moi aussi ! Mais c’est que mon père m’a déclaré que si j’étais Rosière, j’épouserais Monsieur Guilleri... et alors, je crois que j’aimerais mieux ne pas avoir le prix.

TOINETTE.

Refuse-le !

LOUISE.

Ce serait encore pire ! car si je ne suis pas Rosière, mon père ne me mariera pas du tout.

TOINETTE.

Eh bien, puisque tu ne veux pas de mariage...

LOUISE.

Je n’ai point dit cela ! Je ne veux pas du mari qu’on me propose, mais je veux bien du mariage... si c’est avec Justin...

TOINETTE.

Le petit Justin, qui est parti il y a trois mois pour l’armée ?

LOUISE.

Lui-même.

Air du vaudeville de la Robe et les Bottes.

Par son courage et par son zèle
Il prétend mériter mon cœur :
Je lui promis d’être sage et fidèle,
Il m’a promis d’être vainqueur.
Tenant tous deux nos serments, je l’ suppose
Qu’il serait doux, au r’tour de nos guerriers,
D’échanger ma couronn’ de rose
Contre un’ couronne de lauriers.

TOINETTE.

Oui, mais vu les prétentions de Monsieur Guilleri, cela me paraît difficile à arranger.

LOUISE.

Je retourne chez Monsieur le Maire savoir ce que cela va devenir. Mais prends garde, voici mon père ; ne lui parle de rien.

Elle sort.

TOINETTE.

Au contraire, faut voir s’il n’y aurait pas moyen de lui faire changer d’avis...

 

 

Scène IV

 

TOINETTE, LEFRANC

 

LEFRANC.

Bonjour, Toinette, bonjour, ma nièce ; voilà une belle matinée qui se prépare.

TOINETTE.

Est-ce que vous n’êtes pas fatigué du voyage ?

LEFRANC.

Non, ma foi ! j’ai mes quatre-vingts ans sonnés, et dans notre famille, c’est-là le bel âge... c’est l’âge mûr, car nous passons tous la centaine. Mon père a vu Louis XIV, et mon arrière-grand-père a servi sous Henri IV.

Air de Turenne.

En bon soldat, à son heure dernière,
À son fils il parlait ainsi :
« Suis en tout temps cette blanche bannière,
« Sois fidèle au sang de Henri. »
De notre aïeul chacun de nous fut digne ;
Docile à ses ordres chéris,
D’âge en âge, et de père en fils
Nous nous transmettons la consigne.

TOINETTE.

Ah ! ça, mon oncle, vous croyez donc que votre fille sera Rosière ?

LEFRANC.

Je l’espère bien ! si elle ne l’était pas, si elle ne recevait pas la rose des mains de Son Altesse il n’y aurait pas pour elle de dot, point de mariage !

TOINETTE.

Et pourquoi donc que vous y tenez tant ?

LEFRANC.

Pourquoi ? pour augmenter mon trésor, mes richesses ! Tu ne sais donc pas que nous avons déjà dans la famille un sabre que le grand Condé donna à mon grand-père ! mais ce n’est rien encore, mon bisaïeul nous a laissé la tasse dans laquelle le roi Henri but un coup de vin après la bataille d’Ivri,

Air du vaudeville des Scythes.

C’te bell’ journée alors était finie ;
Mais de fatigue il était expirant.
Ce coup de vin, le rapp’lant à la vie,
Vous le rendit gaillard et bien portant,
Ventre saint gris le rendit bien portant.
Pour que ce verre que j’honore
Ait l’ même effet, même après deux cents ans,
Chaque jour j’y buvons encore
À la santé d’ ses descendants.

TOINETTE.

Je comprenons ! vous voudriez avoir la rose donnée par la Princesse, afin de l’ajouter à ce que vous avez de précieux, et d’augmenter votre Muséum.

LEFRANC.

Précisément !

TOINETTE.

Mais une rose, je vous le demande, où la placerez-vous ?

LEFRANC.

Où je la placerai ?... sois donc tranquille.

Air du vaudeville de la Somnambule.

Du Béarnais j’ons l’ portrait en partage ;
J’avons celui d’ Louis-le-Grand ;
Du Désiré j’avons aussi l’image.
Je l’ contemplons à tout moment.
D’ la Princess’ s’il se peut qu’ ma fille
Obtienn’ la ros’... J’ la mettrai tout auprès ;
Et par ainsi, de la famille
J’aurons chez nous tous les portraits.

TOINETTE.

À la bonne heure ! mais dans le cas où ma cousine serait Rosière, pourquoi voulez-vous lui faire épouser Monsieur Guilleri ?

LEFRANC.

Parce qu’il me l’a demandée en mariage, et que je lui ai donné ma parole.

TOINETTE.

C’est que, voyez-vous, mon oncle, elle m’a fait ses confidences, et elle ne se soucie pas de Monsieur Guilleri.

LEFRANC.

Ça m’est égal, j’ai donné ma parole.

TOINETTE.

Mais elle ne peut pas le souffrir.

LEFRANC.

J’ai donné ma parole.

TOINETTE.

Mais elle en aime un autre.

LEFRANC.

J’ai donné ma par...

TOINETTE.

Ah ! bien, si vous ne sortez pas de là...

LEFRANC.

Oui, morbleu ! je n’ai qu’une parole.

TOINETTE.

Je le vois bien, et c’est toujours la même ! mais si c’est là votre dernier mot, prenez garde !

Air du vaudeville de l’Écu de six francs.

Quoique vot’ fille soit Rosière,
Mon oncle, vous devez songer
Qu’avec un mari qu’on n’aim’ guère,
Y peut bien y avoir du danger.
J’en pourrais citer mainte preuve ;
N’ faut pas, soyez en convaincu,
Parc’ qu’elle a l’ prix de la vertu,
La mettre si vite à l’épreuve.

LEFRANC.

Je voudrais bien voir que... Eh ! mais quel est ce jeune soldat ?

 

 

Scène V

 

TOINETTE, LEFRANC, JUSTIN

 

JUSTIN.

Air : Grenadier que tu m’affliges.

Enfin donc m’ v’là-z’en semestre,
J’ai congé d’ mon général ;
J’arrivons d’ l’armé d’ la guerre,
Je rentrons dans mon pays ;
Combien je suis
Bien aise
De r’voir
Ma mère,
Et puis surtout mon objé !...

LEFRANC.

Eh ! mais, si je ne me trompe, c’est Justin.

JUSTIN.

Y nia pas d’ Justin, père Lefranc, c’est Joli-Cœur qui arrive d’Exepagne ; j’en venons à petites journées... mais je n’y allions pas d’ même !

TOINETTE.

C’est Justin ! oh ! que ma cousine va être contente ! Courons la prévenir !

Elle sort.

 

 

Scène VI

 

LEFRANC, JUSTIN

 

LEFRANC.

Comment, c’est toi, mon garçon ! je ne t’aurais jamais reconnu ! Il y a trois mois tu étais gauche et timide comme une demoiselle.

JUSTIN.

C’est l’effet de l’éducation à mitraille, père Lefranc ; comm’ dit c’ t’autre, le feu bonifie tout, et je l’avons vu de près, je m’en vante ; mais en partant j’y étions décidé à cause d’une certaine rencontre dont je vais vous faire la relation,

Air de l’Intrigue impromptu.

Plan, plan, plan, plan, plan,
Le tambour bat aux champs ;
Embrassant nos parents,
Pour notre régiment
Nous partions gaiement
En veste, en sabots,
Apprentis héros,
Le sac sur l’ dos.

Cla, cla, cla, cla, cla, cla,
Quel bruit, et qui vient là ?
Et chasseurs
Et piqueurs
Annoncent la Princesse ;
De notre cœur ravi
S’élance ce cri :
Vive la Duchesse
De Berri !

Quoiqu’son aspect nous impose,
Me r’mettant au premier mot,
Hardiment je lui propose
De boire au duc de Bordeaux.
« Oui, volontiers, nous dit-elle,
« À la santé de mon fils,
« À votre gloire nouvelle,
« À vos exploits, mes amis ! »

Tin, tin, tin, tin, tin, tin,
Ô spectacle divin !
De son auguste main
Elle trinque soudain.
Dieu ! quel excès d’honneurs,
Nos verr’s et nos cœurs,
Oui, nos cœurs émus
Faisaient chorus !

Q’n’avions nous pour nous ébattre
De c’ bon vin de Jurançon,
Ce vin, le lait d’Henri quatre
Qui fit un fier nourrisson.
Mais l’ soldat n’a d’ordinaire
Que du vin jeune et suret ;
Son Altess’ ne s’doutait guère
Du danger qu’elle courait.

Bon, bon, bon, bon, bon, bon,
Qu’il soit ou vieux ou non,
Quelque soit son canton,
Surène ou Bourguignon,
Ell’ boit sans façon.
L’ vin est toujours bon
Quand on l’ boit, dit-on,
Pour un Bourbon.

À quell’ joi’ mon cœur se livre !
Trinquer avec un’ Bourbon !
Ce coup d’ vin là nous enivre
Mieux que d’ la poudre à canon.
Milzieux ! en paix comme en guerre
Elle aura, j’en fais serment,
La premièr’ goutt’ de mon verre,
La dernièr’ goutt’ de mon sang !

Plan, plan, plan, plan, plan, plan,
Le tambour en avant,
Chacun r’prend son rang ;
Nous partons en chantant ;
V’là qu’au régiment
On nous voit venir
Ivres de plaisir
Et d’ souvenir.

Tron, tron, tron, tron, tron, tron,
Mais déjà du clairon
Nous entendons le son ;
Amis nous y voilà !
Oui, la gloire est là,
Marchez avec moi,
Marchons sans effroi,
Vive le Roi !

aussi en arrivant là-bas, au premier coup de canon, j’ai dit : voilà, présent à l’appel. Pour commencer, j’ai eu une égratignure... la seconde fois, une estafilade... et la troisième, un biscaïen, ce qui m’a z’arrêté... sans cela, j’aurais continué à monter en grade. J’étais t’avec le duc de Reggio, qui est un malin en fait d’ ça... Pour ce qui est des coups de canon, il n’en donne point sa part aux autres... Dès-lors, en voyant ma blessure, c’est lui qui m’a dit, dit-y, assez causé, mon garçon, r’tourne au pays... j’ finirons c’ t’affaire là sans toi... ça n’s’ra pas long... alors j’ai pris mes guêtres... et voilà.

Air : Comme faisaient nos pères.

Quel heureux prix de mes exploits,
J’ai r’vu, l’âme attendrie,
Ma mère et ma patrie ;
Je suis sergent et j’ai la croix.
J’étais naguère
Un pauvre hère ;
Mais deux mois d’guerre
Vous font un militaire.
Il’ m’ souvient encor du moment
Où l’ général dit : En avant !
Serrant nos rangs, nous marchions tous gaiement ;
Sous ces blanches bannières,
Comme faisaient nos pères.

Chaque jour à d’ nouveaux succès
Not’ général prélude ;
On sait qu’ par habitude !
Il aime à voir l’enn’mi de près[1].
En fils de France.
Il récompense :
Un fils de France 
Se connaît en vaillance ;
Avec nous marchant au combat,
Gaiement, il commande, il se bat ;
Il s’ fait chérir de l’enn’mi, du soldat :
Bref, en tout il veut faire
Tout comme fait son père.

LEFRANC.

Et te ressens-tu de ta blessure ?

JUSTIN.

Un peu... mais lorsqu’en revenant j’ai rencontré la femme du général, l’héroïne de Bordeaux, j’ai encore retrouvé d’ la force pour lui présenter les armes, et depuis je crois que j’ suis guéri... Cette vue là, v’là l’ meilleur spécifique. Ah ! ça, père Lefranc, j’ai d’abord été à Ivri pour vous faire part de mon plan d’attaque... Voyez-vous, mon ancien, j’aime Louise, votre fille... ce dont auquel je n’aurais point osé vous faire allusion dans le temps que je n’étais qu’un pékin ; mais à présent que j’ai les galons de sergent, j’ai l’habitude d’aller en avant, et voilà !...

LEFRANC.

Comment, mon garçon, tu me demandes la main de ma fille !

JUSTIN.

Comme vous dites ; et j’ose même croire qu’il y a du réciproque.

LEFRANC.

J’y suis maintenant ! c’est toi qu’elle aimait... j’en suis désolé ! mais il n’y a pas moyen : si Louise n’est pas Rosière, elle ne se mariera pas, et si elle est Rosière, elle en épousera un autre que toi.

JUSTIN.

Comment donc que vous arrangez cela ? En épouser un autre que moi ; et pourquoi, s’il vous plaît ?

LEFRANC.

Parce que je l’ai promis ; parce que je tiens toujours mes serments, et que ce n’est point ici que je voudrais jamais y manquer.

JUSTIN.

Ici ou ailleurs, peu m’importe... Et vous croyez que je le souffrirai.

LEFRANC.

Il le faudra bien...

JUSTIN.

Non, morbleu !... Qu’est-ce que je deviendrais ?

LEFRANC.

Tu retourneras à l’armée...  tu y feras ton devoir en brave militaire. Regarde les lieux où tu es... ils ont été témoins de plus grands sacrifices que le tien.

Air : Ah ! si ma Dame me voyait

Ces forêts étaient à Sully ;

Dans la détresse il voit son maître...
Et les arbres qui l’ont vu naître
Soudain sont condamnés par lui.
Il s’écriait d’une voix attendrie :
Tombez beaux arbres de Rosny,
Tombez sous la hache ennemie...
C’est pour mon Roi, c’est pour Henri !

Au cri du guerrier généreux
Nos jeunes gens lèvent la lance ;
Dans les champs d’Ivri l’on s’élance,
Et Sully marchait avec eux.
De leur sang la terre est rougie...
Tombez, jeunesse de Rosny,
Tombez sous la lance ennemie...
C’est pour le Roi, c’est pour Henri !

JUSTIN.

Parbleu, s’il ne s’agissait que de se faire tuer ; mais voir Louise en épouser un autre !...

LEFRANC.

Adieu... sois sage, et songe à ce que je t’ai dit... Je vais retrouver ma fille.

Il sort.

 

 

Scène VII

 

JUSTIN, seul

 

Est-il drôle ce père Lefranc ? il croit que cela se passera ainsi l Est-ce que nous ne sommes pas là pour la manœuvre !

Air de Voltaire chez Ninon.

Il faudra qu’ici prudemment
Notre rival batte en retraite ;
Car j’espèr’ bien, foi de sergent,
Ne pas essuyer de défaite.
L’ duc d’Angoulêm’, notre héros,
Est mon général et mon maître ;
Puisq’ j’ai servi sous ses drapeaux,
La victoire doit me r’connaître.

Quel bonheur, c’est Louise !

 

 

Scène VIII

 

JUSTIN, LOUISE

 

LOUISE.

Justin... c’est toi que je revois ! ma cousine m’avait dit que je te retrouverais ici.

JUSTIN.

Oui, mil-z-ieux ! de retour de l’armée, où je me suis montré... Je te conterai çà... Mais ton père, avec qui j’ai déjà parlementé, me paraît dur à la détente.

LOUISE.

Il t’a dit que si j’étais Rosière... j’épouserais Monsieur Guilleri...

JUSTIN.

Oui, morbleu !

LOUISE.

Et que si je ne l’étais pas, je n’épouserais personne.

JUSTIN.

Précisément !... Ce qui a manqué me jeter dans l’exaspération du désespoir.

LOUISE.

Moi d’ même ! Mais v’là maintenant que j’ai plus de confiance... Et je crois que ça finira bien.

JUSTIN.

Qu’est-ce qui t’est donc arrivé ?

LOUISE.

Je m’en vais te le dire. J’étais bien triste et bien affligée, et je racontais mes chagrins à Marguerite Tollé, la laitière, et au beau Pascal, le berger du château : « Louise, qu’ils me disent comme ça, pourquoi que vous n’allez pas vous jeter aux pieds d’ notr’ bonne Princesse ? Dès qu’il y a du bien à faire, elle est toujours là ! Qu’est-ce qui nous a donné nos places ? C’est elle. Qui est-ce qui, l’année dernière, a donné à ce petit orphelin une boutique de mercier ? C’est elle. Qui est-ce qui a fondé ces deux écoles ? Qui est-ce qui a établi l’hospice Saint-Charles ? C’est toujours elle. »

Air de Téniers.

La jeune fille est par elle établie ;
L’enfance trouve un abri protecteur ;
L’ malade revient à la vie ;
L’infortuné rêve encor le bonheur.
Voulant loin d’eux détourner les alarmes,
Et le malheur... qu’elle-même a connu,
Sa main essuie encore plus de larmes
Que ses yeux n’en ont répandu.

Oui, leur dis-je ; mais comment l’aborder ? comment lui parler ?

Air de Mariane.

Si c’ n’est qu’une crainte semblable,
M’ dis’t-ils, n’ faut pas s’ désespérer ;
Elle est aussi bonne qu’affable ;
Sans peine on peut la rencontrer.
Soir et matin
Dans ce jardin
Qu’elle a tracé de son auguste main,
Ou dans les bois, dans les forêts,
Ell’ va, revient, sans se lasser jamais.
Viv’ et légèr’, rien ne lui coûte :
Chaque pas qu’elle fait ici
Est un bienfait... et, dieu merci,
Elle est toujours en route.

Alors, je me suis mise à parcourir le parc et le jardin... Personne !... Je suis allée jusqu’à la forêt... Personne encore !... Perdant courage, je versais des larmes de dépit, lorsque j’aperçus une jeune et jolie dame montée sur un cheval fougueux, qu’elle conduisait avec tant de grâce, que je m’interrompis de pleurer pour la regarder. Qu’avez-vous, mon enfant ? me dit-elle, pendant que j’essuyais mes yeux avec mon tablier... Et moi qui étais enchantée de trouver quelqu’un à qui raconter mon chagrin, je lui dis comme quoi mon père voulait que j’obtinsse aujourd’hui la rose, parce que, donnée par la Princesse, elle devait attirer sur nous la bénédiction du ciel... Elle me regarde avec bonté ; puis, apercevant un buisson de roses sauvages, qui étaient à côté de nous, elle se met à sourire ; en cueille une, me la présente en me disant : Tenez, mon enfant, j’ai idée qu’elle vous portera bonheur... Et soudain elle a disparu.

JUSTIN.

Eh bien ! voilà tout.

LOUISE.

Oui, elle n’en a pas dit davantage ; mais pendant qu’elle parlait, j’étais émue, j’étais heureuse, et depuis ce temps, je ne sais pas pourquoi je suis plus tranquille... il me semble que tout doit me réussir.

JUSTIN.

Parce qu’on t’a fait cadeau d’une rose ; la belle avance !... donne la-moi.

LOUISE.

Non, demande-moi toute autre chose... celle-ci je veux la garder ; et puis, qui sait ? C’est peut-être quelque dame de la suite de la Princesse... On dit que celles qui l’entourent sont si bonnes et si aimables... Si je la revois, si je la rencontre avec MADEMOISELLE, je sais bien ce que je ferai... J’ai le même nom que MADEMOISELLE, on m’appelle Louise... Je la prierai de nous protéger...

JUSTIN.

À la bonne heure... mais moi qui suis soldat et qui suis un homme... j’irai m’adresser au duc de Bordeaux.

LOUISE.

Est-ce qu’il pourra t’entendre ?

JUSTIN.

Pourquoi pas ?

Air : On dit que je suis sans malice.

C’est nous surtout qu’il doit comprendre,
Nous soldats... nés pour le défendre.
Il doit déjà, je l’ parierais,
Connaîtr’ l’uniforme français ;
Et puisqu’un jour dans notre France,
Ce noble enfant, notre espérance,
Doit faire le bonheur de tous :
J’ lui dirai d’ commencer par nous.

LOUISE.

Voilà qui est arrangé ! ce qu’il faut tâcher maintenant, c’est que je ne sois pas Rosière, parce que Guilleri m’épouserait tout de suite, et ça s’rait fini... tandis que si je ne le suis pas, mon père voudra d’abord que je reste fille... Je m’y attends bien, mais au moins nous aurons le temps de faire agir nos protections... et peut-être finirons-nous par le fléchir.

JUSTIN.

Dieu ! que c’est bien dit ! elle parl’ comme un ordre du jour. Eh bien ! c’est paraphrasé... tu ne seras pas Rosière ; moi, je t’en réponds...

 

 

Scène IX

 

JUSTIN, LOUISE, GUILLERI

 

GUILLERI.

Mademoiselle Louise, je suis enchanté d’être le premier à vous annoncer une bonne nouvelle ; il est vrai que j’y suis intéressé.

LOUISE.

Qu’y a-t-il donc ?

GUILLERI.

Il y a que nous avons la rose, c’est décidé : au moment où j’ai quitté la Mairie, vous alliez être proclamée.

LOUISE et JUSTIN.

Que dites-vous ?

GUILLERI.

Je dis que nous sommes nommés Rosière, et en effet, comme d’après la promesse que m’a faite votre père, nous devons nous marier en communauté de biens... Il en résulte que la moitié du prix m’appartient !

LOUISE.

Voilà ce que je craignais ; c’est fait de nous !...

JUSTIN, à Louise.

Un instant,  

À Guilleri.

c’est donc toi que vous êtes Monsieur Guilleri ?

GUILLERI.

Oui, Monsieur le soldat.

JUSTIN.

Eh bien ! que je suis Justin dit Joli-Cœur, sergent dans la première armée, ous que j’ai juré serment de fidélité à Louise et à Sa Majesté.

Air : Mon Galoubet.

Je n’ vous dis qu’ ça (bis) ;
Mais on connait notre système :
Renversant qui nous résista,

Regardant Louise.

Protégeant toujours qui nous aime,
J’ suis soldat du duc d’Angoulême :
Je n’ vous dis qu’ ça.
Je n’ vous dis qu’ ça ;

Montrant Louise.

Ell’ m’appartient, et loin de rendre
Ma femme ou l’ sabre que voilà,
Si quelqu’un osait y prétendre,
Il faudra qu’il vienne le prendre :
Je n’ vous dis qu’ ça.

GUILLERI.

Je comprends très bien ce que parler veut dire, mais chaque chose à son temps ; je venais ici pour me marier, et non pas pour me battre.

JUSTIN.

C’est-à-dire que tu hésites à opérer ta retraite.

GUILLERI.

Du tout, je ne savais pas que pour épouser une Rosière, il y eût tant de danger, et je vais rendre au père Lefranc la parole qu’il m’a donnée.

LOUISE.

À merveille ! mon père n’est plus engagé, et je ne crains plus maintenant d’avoir la rose. Au contraire c’est le seul moyen de nous marier tout de suite.

JUSTIN.

Alors, faut que nous l’ayons, et mil-z-ieux, nous l’aurons !

 

 

Scène X

 

JUSTIN, LOUISE, GUILLERI, TOINETTE

 

TOINETTE.

Dieu ! quel coup d’œil ! que c’était beau !

LOUISE.

D’où viens-tu donc ?

TOINETTE.

Du vestibule du château où tout le village est réuni, et où la Princesse vient de couronner la Rosière !

GUILLERI.

Comment la Rosière, est-ce que ce n’est pas Louise ?...

TOINETTE.

Elle l’a emporté un moment ; mais au dernier tour de scrutin, on a proclamé Cécile Martin, de la commune de Gassicourt, et c’est elle qui vient de recevoir le prix.

Ensemble.

Air de Michel et Christine.

JUSTIN et LOUISE.

Quell’ douleur
Pour mon cœur !
Quelle nouvelle
Cruelle !
Quell’ douleur
Pour mon cœur !
Plus d’espérance, de bonheur !

GUILLERI.

Quel bonheur
Pour mon cœur !
Et quelle
Bonne nouvelle !
Quel bonheur
Pour mon cœur !
Je verrai couronner mon ardeur !

 

 

Scène XI

 

JUSTIN, LOUISE, GUILLERI, TOINETTE, LEFRANC

 

LEFRANC.

C’en est fait, le destin contraire
S’oppose à mes vœux les plus grands.

GUILLERI.

Puisque votr’ fill’ n’est pas Rosière,
Beau-père, j’ vous rends vos serments.
Pour moi, de c’ pas, en rout’ j’ vais me remettre.

TOINETTE.

Que fait-il donc ?

JUSTIN.

Et quel est vot’ dessein ?

GUILLERI.

À l’autr’ rosièr’ je vais offrir ma main,
Si vous voulez bien le permettre.

Ensemble.

JUSTIN et LOUISE.

Quell’ douleur
Pour mon cœur ! etc.

GUILLERI.

Quel bonheur
Pour mon cœur ! etc.

LEFRANC.

Oui, ma fille, tu sais nos conventions ; il faut te résigner... tu ne seras pas encore mariée de cette année.

JUSTIN.

Mil-z-ieux !... moi qui d’ici là suis susceptible d’être emporté par un boulet de canon.

LEFRANC.

Et le plus désolant, c’est que tout le monde est heureux, excepté nous ! car la Princesse faisait demander tout à l’heure une jeune fille qu’elle a rencontrée dans la forêt.

LOUISE.

Que dites-vous ?

LEFRANC.

Une jeune fille à qui elle a donné une rose, et à qui elle destine une dot.

LOUISE.

Comment ! il se pourrait ? je crains de me tromper encore. Ah ! mon père, vous qui venez de voir la Princesse, dites-moi je vous en supplie, comment est elle ?

GUILLERI.

Qu’est-ce qu’elle a donc ?

LOUISE, à son père.

Air : Las ! j’étais en si doux servage.

N’est-elle pas et belle et séduisante ?

LEFRANC.

On admire ses traits heureux !

LOUISE.

N’a-t-elle pas grâce et bonté touchante ?

LEFRANC.

Son âme se peint dans ses yeux !

Ensemble.

LEFRANC.

D’où vient son trouble ? et quelle erreur
Peut faire ainsi battre mon cœur ?

LOUISE.

Ah ! quelle ivresse ! ah ! quel bonheur !
C’est elle ! oui... j’en crois mon cœur !

LOUISE.

D’ la riche aigrett’ qui sur son front s’attache,
Je crois voir encor la blancheur.

LEFRANC.

De Henri-quatre elle a le blanc panache,
Comme elle en a la noblesse et le cœur.

Ensemble.

LEFRANC.

D’où vient son trouble ? et quelle erreur
Peut faire ainsi battre son cœur ?

LOUISE.

Ah ! quelle ivresse ! Ah ! quel bonheur !
C’est-elle, si j’en crois mon cœur !

LOUISE.

Oui, mon père, oui, apprenez donc que c’est moi... Tantôt dans la forêt... cette rose... c’est elle qui me l’a donnée...

À Justin.

Ah ! que j’ai bien fait de la garder !... elle ne me quittera plus...

LEFRANC.

Comment, ma fille, il serait vrai ? Dieu soit loué ! rien ne manque plus à ma collection !

LOUISE, à Lefranc.

Et Justin... et notre mariage ! vous ne pouvez plus vous y opposer...... Monsieur Guilleri vous a rendu votre parole, et cette rose est un talisman qui doit me porter bonheur.

LEFRANC.

Air : Vaudeville du Colonel.

Eh bien ! morbleu, puisque le ciel décide,
Soyez unis... je le veux... je le dois !

À Justin.

Bon Français, soldat intrépide,
C’est à l’amour à payer tes exploits.
Que les guerriers qui d’Espagne reviennent,
De la valeur reçoiv’nt ainsi le prix ;
De droit les roses appartiennent
À ceux qui défendent les lys !

GUILLERI.

Mes amis, j’en suis enchanté... mais puisque votre mariage est fini, je vais songer au mien...

À Toinette.

Vous dites, Cécile Martin, de la commune de Gassicourt... Je ne l’avais pas mise sur ma liste...

Mettant ses gants.

mais c’est égal, je vais lui présenter ma main...

TOINETTE.

Eh mon dieu, ce sera trop tard ! elle est mariée.

GUILLERI.

Mariée...

TOINETTE.

Oui... à Eustache Perrier, et c’est en présence de la Princesse qu’ils viennent d’être unis.

GUILLERI.

Là, quand je dis que je ne pourrai pas attraper une Rosière... même dans les bonnes années ; car aujourd’hui de bon compte, en voilà deux !

TOINETTE.

Je crois que vous ferez aussi bien d’y renoncer et de ne plus donner dans ces grandes vertus-là.

GUILLERI.

Tu as raison ! tiens, c’est fini... Toinette, je reviens à toi, et je t’épouse !

TOINETTE.

À la bonne heure... et moi, en revanche, je te promets d’être Rosière...

GUILLERI.

Quand ?

TOINETTE.

L’année prochaine !

Vaudeville.

TOINETTE.

Air du Piège.

Pour mon cœur le bien le plus grand
C’est la couronne de Rosière,
Et je me dis, en bénissant
L’august famill’ que je révère :
Que l’ ciel entende nos souhaits,
Qu’il éloign’ les soucis du trône,
Et comm’ chez nous, qu’il n’y ait jamais
Que des roses dans leur couronne !

JUSTIN.

Ce Duc, objet de notre amour,
Et dont nos vœux entour’ l’enfance,
Va s’élever pour faire un jour
La gloir’ et l’ bonheur de la France,
Cet art si grand, il l’apprendra
Du spectacle qui l’environne ;
Qu’il lève les yeux... il verra
Comment on porte la couronne.

LEFRANC.

Notre bon Roi d’ lui-mêm’ tient son pouvoir ;
C’ n’est pas sans raison qu’on l’admire ;
On a du bonheur à le voir,
On a du bonheur à le lire.
Du Pinde bravant les hasards,
S’il ne fut pas né sur le trône,
Il eût toujours régné... les arts
Lui gardaient encor la couronne.

LOUISE.

L’humble Gymnase offre dans ce moment
Une couronne bien légère ;
L’auguste objet qu’il célèbre en tremblant
La rendait bien facile à faire :
Les dons heureux dont l’ ciel orna son cœur
Ont fourni seuls le tribut qu’on lui donne ;
Chaque vertu nous prêtait une fleur...
Nous n’avons fait que la couronne.

[1] S. A. R. le Duc d’Angoulême, au pont de la Drôme : « Camarades, laissez-moi approcher, j’ai la vue basse, j’ai besoin de voir l’ennemi de près. » Ce mot est digne de figurer à côté de tous ceux que l’histoire a recueillis de la bouche de son auguste père.

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