La Fille de bon sens (David-Augustin de BRUEYS - Jean DE PALAPRAT)
Comédie en trois actes, en prose et en vers, mêlée d’Italien.
Représentée pour la première fois, à paris, sur le Théâtre de l’Hôtel de Bourgogne, le 2 novembre 1692.
Sujet
Angélique, venue, depuis quelque tems de Rome à Paris, avec sa tante, Eularia, est logée dans la maison du Docteur Balouard, vieux Médecin, qui a entrepris de guérir la tante malade et d’épouser la nièce, qui se porte bien et qui est très riche ; mais qui n’a aucun goût pour lui, parce qu’elle est aimée d’un jeune Financier, nommé Géronte, qu’elle aime. Deux Militaires, dont l’un s’appelle Octave, qui est fat et poltron, et l’autre Cinthio, espèce de Capitan brutal ; mais fort peu brave, veulent aussi tous les deux épouser Angélique, à cause de sa fortune. Chacun de ces quatre rivaux fait agir son valet selon ses intérêts, et tâche à gagner Colombine, suivante d’Angélique, afin d’être secondé par elle ; mais le seul Arlequin, valet de Géronte, a su plaire à Colombine, et elle protège son maître, dont les vues sont aussi honnêtes que désintéressées. Pierrot, valet du Docteur, Mezzétin, valet d’Octave et Pasquariel, valet de Cinthio, échouent auprès de Colombine, et sont éconduits par Arlequin, d’abord travesti en soldat, et, ensuite, sous les propres habits du Docteur. Octave et Cinthio, se rencontrant dans leur poursuite, et, ne voulant pas se disputer en braves gens la riche proie qu’ils convoitent, font le marché que celui d’entr’eux qui épousera Angélique fera présent à l’autre de deux milles pistoles, pour le dédommager de sa perte, mais à condition qu’ils ne se nuiront point mutuellement dans leurs entreprises pour y réussir, et Mezzétin et Pasquariel jouent la main de Colombine à croix-pile. Colombine qui a entendu ce double arrangement des maîtres et des valets, veut le faire tourner au profit de Géronte. Elle donne de faux rendez-vous, pendant la nuit, au jardin, pour Angélique, à Octave et à Cinthio, et, dans la maison pour elle, à Mezzétin et à Pasquariel. Elle se déguise, ensuite, en Officier de Dragons, et y fait aussi déguiser Arlequin. Ils se trouvent tous les deux, ainsi que Géronte, avec Angélique, lorsqu’Octave et Cinthio viennent au rendez-vous. Chacun de ces deux rivaux entendant quelqu’un auprès d’elle, croit que c’est l’autre, et, d’après leur convention, n’ose pas troubler le tête-à-tête. Cependant, des valets du Docteur découvrant Mezzétin et Pasquariel, cachés dans la maison, les poursuivent comme des voleurs, et appellent le guet et un Commissaire, octave et Cinthio se sauvent ; et Colombine et Arlequin, qui s’affublent de longues robes noires, menacent Mezzétin et Pasquariel de les faire pendre. Mais ils les laissent fuir, comme leurs maîtres ; et l’on apprend aussitôt qu’Eularia consent au mariage de Géronte avec Angélique, à laquelle le Docteur n’ose plus prétendre, et Colombine est aussi unie à Arlequin.
On voit que cette Pièce, tout-à-fait, dans le genre des imbroglio Italiens, ne dut son succès qu’au comique des situations et aux travestissements de Colombine et d’Arlequin, qui en font toute l’intrigue.
(Réf. Bibliothèque des Théâtres, Chefs-d’œuvre de Brueys, Palaprat et de Lafont, Paris, 1810.)